La Clusaz (Haute-Savoie) : La mort de deux travailleurs -- le scandale du logement des saisonniers09/01/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/01/une2319.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Clusaz (Haute-Savoie) : La mort de deux travailleurs -- le scandale du logement des saisonniers

Un couple de jeunes travailleurs saisonniers a trouvé la mort au soir du 3 janvier dans l'incendie de leur camion au lieu-dit Les Riffroids à La Clusaz.

Dans cette station de ski branchée de Haute-Savoie, comme pour des centaines de travailleurs saisonniers employés l'hiver dans les stations de ski, leur camion leur servait de logement. L'incendie est sans doute dû à un dysfonctionnement de leur chauffage au pétrole (ou au gaz) qui a transformé cet abri précaire en véritable bombe.

Ce tragique événement ne doit rien à la fatalité : le sort des milliers de travailleurs saisonniers des stations de ski est scandaleux, en particulier pour ce qui concerne leur logement. Faute de structures adaptées et en nombre suffisant, tous les hivers, des centaines d'entre eux sont réduits à squatter, dans leurs vieux véhicules bricolés, des parkings reculés et glacés de hautes montagnes, sans aucun aménagement électrique ni sanitaire, mais surtout bien loin de la vue des clients des stations. Car c'est cela le plus important pour l'immense majorité des notables et des employeurs des stations, souvent les mêmes d'ailleurs : ils ne veulent pas de « pollution visuelle » (c'est le terme employé par ces gens) du fait de ces campements de pauvres...qu'ils sont cependant bien contents de trouver comme personnel de service sous-payé, essentiellement dans les bars, hôtels et boîtes de nuit des stations.

Y compris après ce nouveau drame, certains de ces notables ont eu le culot de déclarer que ces saisonniers faisaient « un choix de type de vie » ! Mais quel choix individuel y a-t-il, quand on est chômeur, de chercher le travail là où il est, même payé au smic (et encore, quand toutes les heures sup sont payées !) et donc ne permettant pas de trouver un hébergement décent dans un des départements les plus chers de France pour le logement ? Il est évidemment hors des possibilités d'un travailleur de se loger à Megève, Chamonix ou Avoriaz. En 2001, les services de l'État eux-mêmes estimaient à 1500 le nombre de logements indispensables aux travailleurs saisonniers dans le département et on en est depuis à environ 350 logements financés...

Dans ce drame, le mépris total des pauvres, des travailleurs, transpire de la part des notables. Les saisonniers demandent au moins des solutions immédiates et simples, telles que des emplacements moins exposés, avec des raccordements électriques, des points d'eau et des sanitaires. Tout cela existe par centaines, ne serait-ce qu'avec les emplacements de caravaning d'été inutilisés l'hiver ! De même, rien que sur la région de Chamonix-Saint-Gervais, des centaines de logements sont inoccupés, souvent du fait de petits propriétaires non résidents qui n'ont plus la possibilité de les habiter pour des raisons d'âge ou de moyens, et ne demanderaient sans doute pas mieux que de les louer via les employeurs des saisonniers -- c'est d'ailleurs un système en cours, par exemple aux Deux-Alpes en Isère, et qui donne satisfaction.

Mais pour les notables réactionnaires de Haute-Savoie, il n'est pas question de se préoccuper de tout cela car rien ne compte que leur tiroir-caisse, et pour eux, s'il y a des pauvres qui en meurent, c'est qu' «ils l'ont choisi » !

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