Après 11 ans en CDD : L'Inserm se débarrasse d'une chercheuse09/01/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/01/une2319.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Après 11 ans en CDD : L'Inserm se débarrasse d'une chercheuse

Une chercheuse en cancérologie de l'Inserm, l'institut chargé de la recherche médicale, vient de saisir pour la deuxième fois le tribunal administratif afin d'obtenir son passage en CDI après onze ans de CDD.

Elle avait enchaîné douze CDD dans la même unité de recherche depuis 2001, mais pour des employeurs différents : le CNRS, l'Inserm, le CHU et l'Association de recherche du centre hospitalier. En septembre dernier, ses supérieurs l'ont informée que son CDD ne serait pas renouvelé. Elle s'est alors adressée au tribunal administratif qui a condamné l'Inserm à étudier sa demande de passage en CDI, ce qui s'impose légalement, à certaines conditions, pour les salariés ayant travaillé plus de six ans en CDD. Rien n'y fit, et elle doit aujourd'hui s'adresser à nouveau au tribunal pour essayer d'obtenir gain de cause.

Cette attitude scandaleuse d'un établissement public illustre à quel point l'État use et abuse des contrats précaires. À l'Inserm, 42 % des salariés n'ont aucune garantie de l'emploi, qu'ils soient CDD ou vacataires. La CGT dénonce la manière dont la direction se débarrasse de contractuels avant d'être obligée de leur signer un CDI. Il en est de même, à des degrés divers, dans toute la fonction publique.

Les établissements scolaires comptent 23 000 enseignants non titulaires qui, année après année, sont utilisés à boucher les trous, et les personnels de ménage et de cuisine dépendant des collectivités locales sont encore plus mal lotis. Sur l'ensemble des trois fonctions publiques, d'État, territoriale et hospitalière, 17 % des salariés sont employés sous un statut précaire. Des lois censées résorber la précarité dans la fonction publique ont été promulguées à plusieurs reprises. La dernière en date, la loi Sauvadet, de mars 2012, prévoyait justement la possibilité de passer en CDI après six ans en CDD. Mais partout, comme à l'Inserm, les administrations multiplient les obstacles pour que ces maigres possibilités ne puissent pas être utilisées.

Les lois passent et la précarité demeure, car l'État tient à pouvoir se débarrasser quand il le veut de toute une partie de son personnel. En cela il agit exactement comme les patrons privés.

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