Un paquebot pour Saint-Nazaire : Une embellie pour l'emploi ? Peut-être, mais sans aucune garantie pour les salariés02/01/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/01/une2318.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Un paquebot pour Saint-Nazaire : Une embellie pour l'emploi ? Peut-être, mais sans aucune garantie pour les salariés

L'annonce de la commande d'un super paquebot de 361 mètres de long aux chantiers STX de Saint-Nazaire (ex-Chantiers de l'Atlantique) est incontestablement une bonne nouvelle pour les 2 000 salariés de l'entreprise et pour les quelque 2 000 travailleurs des entreprises sous-traitantes. Actuellement, les salariés de STX qui travaillent en production sont en chômage technique, et jusqu'à une date indéterminée pour certains d'entre eux. Du coup, la crainte que le chantier ferme totalement était bien réelle.

Cette nouvelle a été sans doute encore meilleure pour les actionnaires de STX. STX est une entreprise coréenne, qui a racheté en 2007 les chantiers à Aker Yards, une entreprise norvégienne. L'État français n'est présent dans le capital que pour environ 30 %, présence qui a sans doute facilité la signature de ce marché. Mais sans que l'on puisse en savoir plus du fait de ce fameux secret des affaires, qui permet toutes les combines !

Tout cela devrait inciter les politiciens de droite et de gauche à modérer leur enthousiasme à saluer la victoire de « notre » pays et de « notre » industrie. D'autant que la partie n'est pas définitivement gagnée puisque la Finlande demande une enquête sur les conditions de réalisation de ce marché. Pourquoi la Finlande ? Parce que, dans ce pays, il existe un chantier de construction navale capable de construire un navire de cette dimension et de cette capacité. Un chantier qui appartient -- coïncidence ? -- à l'empire STX, implanté dans plus d'une dizaine de pays. Quoi qu'il arrive, ce sera donc STX le gagnant.

Si l'emploi est sauvé pour quelque temps à STX-Saint-Nazaire et si cette commande aboutit à un répit limité sur le marché du travail régional, on n'en sait guère plus, ni sur les délais de la remise en route de l'activité du chantier, ni sur les conditions imposées aux salariés, qu'ils soient STX ou des entreprises sous-traitantes, car cette commande est incapable à elle seule de résoudre les problèmes de chômage que connaissent les salariés.

Et surtout elle ne modifie pas la situation générale. Il ne suffit ni d'une hirondelle ni d'un paquebot géant pour qu'elle change. Cette situation ne dépend pas de telle ou telle opportunité créée par des négociateurs commerciaux habiles, facilitée par l'intervention de l'État.

Le monde du travail doit imposer des garanties qui ne soient pas liées à de tels aléas. Des garanties sur les emplois, donc sur les salaires, en exigeant l'interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous et, pour éviter les entourloupes des actionnaires, en imposant le contrôle sur les opérations des patrons.

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