Santé : Plaintes contre une « pilule »02/01/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/01/une2318.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Santé : Plaintes contre une « pilule »

À la suite de la plainte déposée le 14 décembre par une jeune femme, Marion Larat, contre le laboratoire Bayer Santé qui commercialise Meliane, une pilule de troisième génération, trente femmes qui ont subi elles aussi de graves problèmes de santé en raison de la prise d'une pilule de troisième ou quatrième génération vont à leur tour porter plainte contre Bayer et contre d'autres laboratoires commercialisant ces pilules, comme Merck et Pfizer.

En 2006, à 19 ans, alors qu'elle prenait ce contraceptif depuis quatre mois, Marion Larat a fait un accident vasculaire cérébral (AVC) qui l'a plongée dans un coma dont elle est ressortie très sérieusement handicapée. Elle porte donc plainte contre le directeur général de Bayer Santé, qui fabrique cette pilule, et aussi contre le directeur général de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui n'a pas retiré cette pilule du marché.

En effet, dès 1995, des études britanniques montraient que ces pilules dites de troisième génération exposent à un risque de phlébite et d'embolie pulmonaire deux fois plus élevé que les pilules antérieures. Or ce n'est qu'en 2007 que les autorités sanitaires françaises ont « préconisé » aux médecins de ne plus les prescrire en première intention mais d'utiliser les plus anciennes.

Entre-temps, des jeunes femmes ont été exposées à un risque connu, et qui plus est un risque gravissime pour celles atteintes, mais souvent sans même le savoir, d'hypercoagulabilité du sang. Rien qu'en France, on estime à plusieurs dizaines le nombre de jeunes femmes qui y auraient laissé leur peau.

Les laboratoires qui commercialisent ces pilules de troisième génération se défendent en disant que le risque accru est mentionné dans la notice incluse dans les boîtes. Sauf que lesdites notices ne font mention de ce risque que depuis 2007, et qu'on ne les lit pas nécessairement. Et sauf, aussi et surtout, que pendant des années, pour déclencher les prescriptions, les laboratoires ont abreuvé les médecins d'informations vantant les mérites de ces pilules, au prétexte qu'elles seraient plus modernes, mieux tolérées et, cerise sur le gâteau, efficaces contre l'acné... un gros « marché » ! Une fois de plus, la sécurité sanitaire n'a pas pesé bien lourd face aux intérêts commerciaux.

Sans compter que ce nouvel épisode pourrait faire reculer encore un peu plus la confiance dans la sécurité et l'efficacité des médicaments. En 2010, après le désastre de l'organisation de la campagne de vaccination contre la grippe A par les pouvoirs publics, c'est le principe même de la protection par les vaccins qui a été mis en cause. Aujourd'hui, c'est la confiance dans les pilules en général qui pourrait être mise à mal et détourner des femmes de la contraception. Encore un retour en arrière à mettre au compte du « marché ».

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