Procès des assassins de Firmin Mahé : Trois militaires condamnés, l'armée acquittée12/12/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/12/une2315.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès des assassins de Firmin Mahé : Trois militaires condamnés, l'armée acquittée

La justice n'a pas été bien sévère pour les meurtriers de Firmin Mahé, cet Ivoirien blessé par des tirs français, puis achevé dans un blindé de l'armée par des militaires en mai 2005.

Le colonel qui avait transmis l'ordre de « rouler doucement » (sous-entendu, faire en sorte que Mahé n'arrive pas vivant à l'hôpital) a été condamné à cinq ans de prison avec sursis, l'adjudant-chef qui l'a étouffé avec un sac plastique, à quatre ans avec sursis, et le brigadier-chef qui le maintenait à un an avec sursis.

D'après eux, la décision d'achever le blessé venait de haut, ce qui n'a rien d'invraisemblable. Mais le général Poncet, chef de l'opération « Licorne » en Côte d'Ivoire, qui aurait donné l'ordre d'achever Mahé, n'a pas été inquiété. À l'époque, Poncet et Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense, avaient couvert l'affaire avant de la dévoiler en rejetant la responsabilité sur leurs subordonnés. Aujourd'hui, ils accusent les soldats d'avoir perdu leur « sens moral ». Venant de ceux qui ont décidé l'envoi des soldats français au secours du dictateur Laurent Gbagbo : quelle hypocrisie !

Les militaires en cause se justifient en disant que Mahé était un bandit. Son assassinat aurait, disent-ils, permis de protéger la population ivoirienne dans la « zone de confiance » contrôlée par l'armée française, lorsque le pays était coupé en deux entre les forces de Gbagbo au Sud et celles des rebelles au Nord. Mais cette « zone de confiance » servait surtout à protéger les intérêts économiques français en sécurisant les routes commerciales, et à empêcher l'avancée des rebelles, à une époque où la France soutenait encore le régime de Gbagbo. Et cette présence de l'armée française n'a jamais empêché les différentes troupes armées ivoiriennes de s'en prendre à la population ; au contraire, elle a exacerbé les tensions.

Avec le procès tardif des assassins de Firmin Mahé, l'armée a reconnu une bavure et quelques militaires sont passés en jugement. Cela lève un voile sur les pratiques de l'armée française, semblables à celles de toutes les armées coloniales, ne se gênant pas pour faire leur sale travail, sans précaution et finalement sans scrupule.

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