La lutte contre la pauvreté n'est pas leur priorité12/12/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/12/une2315.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La lutte contre la pauvreté n'est pas leur priorité

À l'issue de la conférence de lutte contre la pauvreté, le Premier ministre a annoncé un plan de lutte, dont il a chiffré le coût à 2,5 milliards maximum d'ici 2017. On voit tout de suite où se situent ses priorités, quand on compare aux 20 milliards dont il vient de faire cadeau au patronat !

Le RSA-socle, dont les bénéficiaires n'ont aucun emploi, serait augmenté de 10 % en cinq ans, en plus de son indexation sur l'inflation. Il est aujourd'hui de 475 euros par mois pour une personne seule, et 1,6 million de bénéficiaires le touchent. Au fil des ans, il n'a été revalorisé qu'au compte-gouttes, ne suivant même pas les maigres augmentations du smic. Avec la revalorisation prévue par le gouvernement, il atteindra encore moins de 500 euros par mois en 2013. Qui oserait prétendre qu'il est possible de vivre avec cela ?

Par ailleurs, le plafond de ressources pour bénéficier de la CMU complémentaire, censée permettre l'accès aux soins à 100 % pour les plus démunis, serait relevé. Ayrault a estimé que 500 000 personnes de plus pourraient ainsi en bénéficier, mais cela reste à prouver.

Un nouveau contrat d'insertion serait introduit, un de plus, pour 100 000 jeunes sans qualification. Ceux-ci auraient l'obligation d'accepter les propositions de formation ou d'emploi qui leur seraient faites, et en contrepartie bénéficieraient d'une garantie de ressources égale au RSA pendant leurs périodes d'inactivité. Cela risque fort de se traduire par des petits boulots à répétition, sans perspective de CDI au bout.

Enfin, cent millions d'euros seraient débloqués pour créer plusieurs milliers de places d'hébergement d'urgence dès 2013.

Certaines de ces mesures, à condition d'être réellement mises en oeuvre, seront certainement bonnes à prendre pour ceux qui en bénéficieront. Mais elles ne risquent pas de faire reculer la pauvreté, qui frappe aujourd'hui plus de huit millions de personnes dans le pays. Les associations et les syndicats participant à la conférence n'ont cessé d'en dénoncer les effets concrets. Elle frappe les anciens salariés ayant perdu leur emploi et auxquels il ne reste pratiquement plus rien pour vivre une fois leurs factures payées, les jeunes qui n'ont jamais trouvé de travail, les retraités de plus en plus nombreux.

Par rapport à toutes ces situations dramatiques, le saupoudrage annoncé est dérisoire. Mais surtout il est impuissant, au moment où toute la politique gouvernementale, faite de soumission devant le patronat, aboutit à accroître sans cesse la pauvreté.

Lutter vraiment contre la pauvreté, cela voudrait dire prendre des mesures contraignantes envers le patronat et consacrer les ressources nécessaires pour mettre fin aux situations les plus dramatiques, autrement dit inverser l'ordre des priorités gouvernementales.

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