Haïti : Après le passage du cyclone Sandy, la situation d'urgence exige un programme d'urgence12/12/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/12/une2315.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Haïti : Après le passage du cyclone Sandy, la situation d'urgence exige un programme d'urgence

Dans le dernier numéro de leur journal, La voix des travailleurs, nos camarades de l'OTR (Organisation des travailleurs révolutionnaires) consacrent un article aux conséquences du passage du cyclone Sandy au large d'Haïti, du 24 au 26 octobre dernier. Nous en publions les extraits suivants.

Le gouvernement Martelly-Lamothe a décidé de proroger jusqu'au 5 janvier l'état d'urgence qu'il avait décrété, le 30 octobre dernier, sur toute l'étendue du territoire, compte tenu de la gravité des dégâts causés par le passage du cyclone Sandy au large d'Haïti.

Le bilan est lourd : pour cinquante centimètres de pluie à l'échelle nationale, plus d'une cinquantaine de morts, des routes coupées, des ponts endommagés ou effondrés, des jardins dévastés, des milliers de têtes de bétail emportées, sans parler des villes et des villages inondés

Contrairement aux États de New York et du New Jersey aux États-Unis, touchés de plein fouet par Sandy, Haïti n'était pas au centre de ce phénomène naturel, transformé pourtant en catastrophe sociale parce que les classes possédantes et dirigeantes de ce pays se sont attelées pendant des décennies à démolir ce coin de terre, notamment par le pillage systématique des caisses de l'État et le désinvestissement des services dits publics, le rendant ainsi très vulnérable à la moindre intempérie.(...)

Le plus révoltant c'est que chaque drame social, chaque catastrophe humanitaire devient une aubaine, une source d'enrichissement pour les dirigeants et les responsables de la plupart des ONG évoluant dans le pays. (...) C'est pourquoi, malgré l'énormité des dégâts, l'état d'urgence décrété par le gouvernement n'est pris au sérieux que par des naïfs et, bien évidemment, par des budgétivores au pouvoir qui connaissent le but de la manoeuvre. Le ministre de la Communication ne saurait être plus clair dans sa déclaration : « C'est une opportunité pour le pouvoir en place de décaisser en toute liberté des fonds au profit des sinistrés. » Les sinistrés, les pauvres en général, ont bon dos. Où sont passés les milliards qui ont été décaissés après le séisme du 12 janvier 2010 au nom des familles sinistrées, dont l'écrasante majorité végètent encore sous des soi-disant tentes ? Où sont les milliers de logements promis pendant la campagne électorale par Martelly, qui était impatient de reloger des familles sinistrées après le séisme ?

L'état d'urgence, pour ces crapules au pouvoir, n'est qu'une carte blanche qu'ils s'offrent pour monnayer les catastrophes humanitaires, dilapider et détourner les fonds publics, avec moins de barrières, plus de facilité et de rapidité, en éliminant par exemple les appels d'offres. (...)

Le décor est déjà planté : le Premier ministre tient déjà sa sébile pour recevoir la charité internationale, après avoir lancé un vibrant appel à voler au secours de la population d'Haïti durement affectée par Sandy. (...)

Pourtant, la gravité de la situation appelle un train de mesures d'urgence en faveur de la population, dont la misère est aggravée non seulement par les dégâts causés par Sandy mais aussi et surtout par la récente flambée des prix qui a renchéri le coût de la vie, les révocations massives dans différentes entreprises et les nouvelles mesures de prélèvement de taxes additionnelles sur les employés du secteur privé et public.(...)

Mais l'application de ce programme d'urgence ne viendra pas d'en haut, des classes possédantes ou de leurs valets au pouvoir, mais de la mobilisation des classes laborieuses du pays, en ville comme en campagne. En 2008, le gouvernement Préval-Alexis avait été contraint de baisser au moins le prix du riz, après des manifestations populaires suivies d'émeutes.

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