Technicolor -- Rennes : Nouveaux bâtiments... et emplois à la trappe28/11/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/11/une2313.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Technicolor -- Rennes : Nouveaux bâtiments... et emplois à la trappe

Le groupe Technicolor a fait construire des nouveaux bâtiments pour son centre de Rennes, à quelques centaines de mètres des anciens. Les 600 salariés y ont déménagé progressivement, par petits groupes, en septembre et octobre. Le jeudi 22 novembre avait lieu l'inauguration officielle.

À cette occasion, le PDG, Frédéric Rose, et quelques-uns de ses acolytes de la direction centrale avaient fait le déplacement à Rennes. La direction du groupe avait aussi invité des personnalités politiques, notamment le maire de Rennes, Daniel Delaveau (PS), et le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ancien président de la région Bretagne. Mais elle avait jugé utile de tenir à l'écart le personnel, qui n'était pas convié dans son ensemble à la cérémonie. Seuls quelques « ambassadeurs » avaient été sélectionnés, avec pour mission de rapporter la bonne parole à leurs collègues.

Lors de leurs interventions, le PDG, le maire et le ministre se sont félicités à l'unisson de ce nouveau centre censé représenter l'engagement de Technicolor pour l'innovation technologique et pour l'emploi dans la région.

Tous se sont aussi parfaitement entendus pour passer sous silence la récente liquidation de l'usine d'Angers du groupe, à 120 km de là. Technicolor vient pourtant d'y mettre 350 travailleurs sur le carreau, tentant au passage de ne payer aucune indemnité de licenciement, grâce à la mise en faillite artificielle de son usine. Sur ce point, Technicolor a montré qu'il sait être à la pointe de la recherche... patronale en vue de la diminution, voire de la suppression des indemnités de licenciement ! Un peu trop à la pointe peut-être, car son attitude a largement choqué dans l'opinion publique. Heureusement, cette tentative a échoué grâce à la mobilisation des travailleurs de l'usine d'Angers. Ceux-ci ont d'ailleurs reçu le soutien de leurs collègues rennais, qui ont régulièrement débrayé pour protester contre l'attitude scandaleuse de la direction du groupe.

Lors de l'inauguration, le ministre et les élus socialistes de la région rennaise ont « oublié » les 150 suppressions d'emplois en 2010 dans l'autre filiale rennaise de Technicolor, revendue depuis. Ils ont aussi oublié d'évoquer le plan de licenciements en cours (35 emplois supprimés) à Rennes même, pudiquement rebaptisé « plan de départs volontaires » après que la direction eut réussi à imposer la suppression de neuf jours de congés en juin dernier. Ils ont aussi oublié la suppression de plusieurs dizaines d'emplois de prestataires depuis quelques mois et la vente récente d'une autre filiale rennaise avec là aussi la suppression de dizaines d'emplois de prestataires. Et ce n'est pas faute d'avoir été avertis à plusieurs reprises par les militants syndicaux de l'entreprise. Dans cette affaire, les élus socialistes apparaissent bien pour ce qu'ils sont : les serviteurs des intérêts patronaux contre ceux des travailleurs.

Le jour de l'inauguration, seul le tract que diffusaient les militants syndicaux à l'entrée de l'entreprise rompait l'hypocrisie étouffante des discours. Ce tract fut accueilli avec une grande satisfaction par la majorité des salariés, tant est grand l'écart entre les satisfecit des officiels et la réalité vécue par le personnel.

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