Allemagne : Un droit au travail d'exception... Des Églises bien dans le camp des exploiteurs28/11/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/11/une2313.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Un droit au travail d'exception... Des Églises bien dans le camp des exploiteurs

Le Tribunal fédéral du travail allemand a reconnu, le 20 novembre, le droit de grève sous certaines conditions pour les employés des institutions religieuses. Le jugement concerne près de 1,3 million de salariés, qui travaillent dans des hôpitaux, des crèches, des services caritatifs dépendant des Églises catholique et protestantes.

Celles-ci bénéficient en effet en Allemagne de privilèges exorbitants. L'enseignement religieux est obligatoire dans les écoles publiques ; l'État se charge de prélever directement pour elles l'impôt d'Église ; le réseau hospitalier des Églises représente environ 30 % de la capacité hospitalière du pays. Et, sur le plan social, les Églises chrétiennes bénéficient d'un droit du travail très particulier, garanti par la Constitution et qui n'autorise pas le droit de grève.

Cette « autonomie » leur permet, par exemple, de ne pas respecter les conventions collectives en usage. Et puis, depuis plusieurs années, elle sert de plus en plus à imposer un certain nombre de reculs, comme des baisses de salaire ou des aggravations des conditions de travail. Mais les travailleurs n'acceptent pas toujours ces attaques sans réaction.

Ainsi en 2009, à l'appel du syndicat des travailleurs des services Verdi et du syndicat catégoriel des médecins appelé Union de Marbourg, des grèves avaient eu lieu pour réclamer une convention collective en Rhénanie-du Nord-Palatinat, en Basse-Saxe et dans un hôpital de Hambourg.

Des organisations caritatives et des paroisses avaient alors porté plainte. Par deux fois, des tribunaux avaient en 2011 donné tort aux employeurs. Ceux-ci ont donc porté l'affaire devant le Tribunal fédéral du travail, avec le même résultat. Mais le tribunal a également confirmé que les employeurs religieux pouvaient opter pour ce que l'on appelle « la troisième voie » : le recours à une commission paritaire entre représentants de l'Église et du personnel, chargée de trouver un accord ne pouvant pas ensuite être remis en cause par des grèves. Mais cela implique que les syndicats ne soient pas représentés dans ces commissions.

C'est donc un droit a minima qui vient d'être reconnu. Mais c'est tout de même un succès pour tous ceux qui se battent pour faire respecter leurs droits. En septembre, 400 salariés des services du diaconat de Hanovre ont ainsi fait grève pour la première fois de leur histoire. C'est aussi le cas des employés de l'oeuvre diaconique de Hesse et de Nassau, qui ont manifesté le 23 novembre contre les nouvelles attaques se profilant à l'occasion de la fusion de deux institutions.

Le patronat de combat religieux a, comme on le voit, un comportement guère différent de celui du reste du patronat. Réussira-t-il par son attitude à généraliser le mécontentement ?

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