Le 14 novembre une longue file d'attente, devenue tellement habituelle qu'elle fait partie du paysage, s'étendait devant le centre des impôts de Saint-Denis. Ce jour-là la plupart des gens attendaient... pour payer leur taxe d'habitation. Faire la queue pour payer l'impôt, c'est un comble ! Bien des habitants de Seine-Saint-Denis n'ont pas d'autre choix que de se déplacer, faute d'un accès à internet et parfois d'un compte en banque. Et il leur manque aussi, et depuis longtemps, des services publics dignes de ce nom.

Le non-renouvellement d'un fonctionnaire sur deux touche tous les services publics, y compris celui des impôts. Dans les finances publiques, au plan national, 25 000 postes ont disparu en dix ans, soit 250 pour la seule Seine-Saint-Denis. Et comme la loi de finances 2013 n'est pas près d'inverser cette tendance, cette situation va s'aggraver. Les syndicats présents ce jour-là pour informer la population et appeler à la grève le lendemain dénonçaient le sous-effectif chronique du centre de Saint-Denis, qui traite aussi les dossiers de Pierrefitte et de Villetaneuse. Vingt-deux postes n'ont pas été pourvus pour un service qui reçoit 100 000 personnes par an. L'accueil compte neuf agents alors qu'ils devraient être dix-neuf.

La seule solution qu'a trouvée la direction est de fermer le centre deux jours par semaine pour permettre aux agents de traiter les dossiers en souffrance. Les habitants sont obligés de revenir pour faire leur démarche -- obtenir un avis d'imposition ou de non-imposition, payer l'impôt -- lorsqu'ils se heurtent à une porte fermée. Cela revient à reculer le problème alors que la logique voudrait qu'on recrute. Il n'est pas très étonnant que les laissées-pour-compte soient de nouveau les banlieues populaires.