États-Unis : Obama élu pour continuer comme avant14/11/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/11/une2311.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Obama élu pour continuer comme avant

Tous les éléments ne sont pas encore connus, car le complexe dépouillement de l'élection américaine prend du temps, mais on sait maintenant qu'Obama, qui avait besoin d'au moins 270 grands électeurs pour l'emporter, en a finalement gagné 332, contre 206 à son adversaire républicain, Mitt Romney.

À l'échelle des États-Unis, Obama obtient 62 088 847 voix, contre 58 783 137 à son adversaire. Par ailleurs, près de deux millions de voix se sont réparties entre différents partis dont quelques-uns se présentent à chaque élection dans une partie seulement des cinquante États. Plus de la moitié de ces voix sont allées à un parti ultra-libéral, un petit quart au Parti vert et quelques milliers de voix à deux organisations de la mouvance trotskyste. La plus importante, le Socialist Workers Party, a obtenu quelque 3 500 voix et l'autre 1 100.

Rapporté à un électorat estimé à 235 millions, les abstentionnistes seraient environ 112 millions, soit 47,8 %, ce qui est dans la moyenne des élections américaines. En 2008, ceux qui n'avaient pas été en mesure de voter pour des raisons administratives représentaient un petit quart des électeurs comptés comme abstentionnistes. On ne connaît pas la proportion de cette année, mais les obstacles au vote n'ont pas été moins nombreux : vote un jour de travail ; renforcement des exigences légales en matière d'identité ; bureaux de vote déplacés sans avertir les électeurs ; possibilité limitée de voter avant la date du vote, etc. À Miami (Floride), les électeurs ont dû faire la queue sous la pluie pendant sept heures, de quoi être tenté de renoncer !

Les résultats montrent un tassement de l'électorat d'Obama, qui perd 17 grands électeurs et 800 000 voix, alors que le nombre de votants a augmenté de plus de 5 %.

Si l'on en croit les études d'un institut de sondage américain, comme en 2008, 93 % des électeurs noirs auraient voté pour Obama, qui aurait aussi bénéficié de 71 % des voix des électeurs hispaniques. Son électeur type serait plutôt une électrice (55 % de femmes contre 45 % à Romney) jeune, puisque 60 % des 18-29 ans auraient voté Obama. L'électeur républicain serait plutôt un homme (52 % contre 48 % à Obama) blanc (59 % contre 41 %). Ses revenus dépasseraient en moyenne les 50 000 dollars (environ 40 000 euros), alors que les électeurs d'Obama seraient plutôt en dessous de ce seuil. Ce serait aussi un homme vieillissant, les plus de 65 ans ayant voté à 56 % pour Romney.

Mais le fait qu'Obama l'ait emporté avec moins de voix qu'en 2008 ne change rien au résultat : il est réélu et va poursuivre la politique menée pendant son premier mandat. Pour l'essentiel, elle se place dans les traces de son prédécesseur, y compris en pire sur certains points : il a donné plus d'argent aux banques et expulsé plus d'immigrés que Bush !

Le succès électoral offre une occasion de remettre à zéro le compteur des illusions électorales. Obama a salué sa victoire en ressortant le mythe du « rêve américain », qui permettrait à tout un chacun d'arriver au sommet en partant de rien. Mais le « rêve américain » vaut surtout pour les 20 % les plus riches, qui accaparent 84 % de la richesse nationale, tandis que les 40 % les plus pauvres n'ont que 0,5 % de cette richesse à se partager. Obama a bien dit que les plus riches devront prendre leur part dans le redressement économique, mais on peut déjà augurer que, dans quelque temps, la part des 20 % les plus riches aura encore augmenté. Obama est là pour les y aider.

Partager