L'Humanité-Dimanche et l'assassinat de Pierre Overney25/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2308.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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L'Humanité-Dimanche et l'assassinat de Pierre Overney

Dans son numéro daté du 11 au 17 octobre, l'Humanité-Dimanche publie, sous la signature de Morgan Sportès, un article relatif à l'assassinat, le 25 février 1972 aux portes de l'usine Renault de Billancourt, du jeune militant maoïste Pierre Overney.

C'est au cours d'une intervention devant l'usine que Pierre Overney fut tué de sang-froid par un vigile en civil, Jean-Antoine Tramoni, ancien militaire et tireur entraîné. L'émotion fut vive et l'enterrement d'Overney à Paris fut l'occasion d'une manifestation de dizaines de milliers de personnes. Mais le PCF, à l'époque, considéra qu'il ne s'agissait là que « d'une mascarade ». Ses attaques constantes et souvent violentes contre les organisations d'extrême gauche, qu'il avait baptisées les « gauchistes », conduisirent la section Renault du PCF à voir, dans l'assassinat de Pierre Overney par Tramoni « une provocation montée de toutes pièces avec des agents téléguidés, commandos gauchistes et police en civil entremêlés, [qui] est dirigée contre le mouvement ouvrier et démocratique ».

En somme, Overney s'était fait tuer volontairement, par pure « provocation », pour affaiblir le PCF !

Eh bien, quarante ans et plusieurs gouvernements de « gauche plurielle » plus tard, il semble que l'hebdomadaire du PCF n'ait pas changé son... fusil d'épaule. Le rédacteur de l'article de l'Humanité-Dimanche, auteur d'un livre sur l'affaire Overney, reprend la thèse de la « provocation », l'expliquant par la crainte du pouvoir politique devant la possible « victoire de l'Union de la gauche [aux élections législatives de mars 1973], donc à l'arrivée de ministres communistes au gouvernement, [...] en pleine guerre froide. Un climat de violence est donc bienvenu : il faut faire peur aux classes moyennes, les inciter à voter à droite ». Et d'appeler à la rescousse Roger Sylvain, secrétaire de la CGT Renault de l'époque qui affirme que les maoïstes avaient été embauchés dans l'usine avec « la complicité du haut encadrement ».

Au PCF, les mensonges ont décidément la vie dure, au point de ressortir tels quels quarante ans après. Quant à savoir si, dans les difficultés du PCF, sa propre politique et ses mensonges n'auraient pas leur part de responsabilité, il faudra sans doute attendre encore au moins quarante ans pour le voir se poser la question.

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