Dopage de Lance Amstrong : Un cycliste en bouc émissaire25/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2308.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dopage de Lance Amstrong : Un cycliste en bouc émissaire

Le septuple vainqueur du Tour de France, Lance Armstrong, a donc été déchu, à la suite de l'enquête de l'agence américaine antidopage, qui, dans un rapport de mille pages, a publié une foule de témoignages accablant le « champion ».

Les dirigeants officiels du cyclisme se désolent, parlant de « la plus grande crise » de l'histoire de ce sport et en même temps disant qu'elle permettra, à l'avenir, de repartir sur des bases saines. On peut en douter.

Les affaires de dopage émaillent à répétition le cyclisme et, plus ou moins, tous les sports. Le nombre de champions déchus et poursuivis par la justice est important. Le nombre de ceux qui se dopent sans s'être fait prendre est sans doute beaucoup plus important encore.

Tout le monde sait que, compte tenu des vitesses moyennes ahurissantes des cyclistes du Tour de France -- et dans les autres épreuves aussi, évidemment -- de telles performances ne sont pas possibles pour des sportifs qui n'absorberaient que « de l'eau claire ».

Le rapport de l'agence antidopage américaine montre qu'Armstrong avait de nombreuses complicités, chez les coureurs, chez des médecins et forcément parmi les dirigeants officiels. Rappelons ce que déclarait Hein Verbruggen, l'ancien président de l'Union cycliste internationale, en mai 2011 : « Lance Armstrong n'a jamais utilisé le dopage. Jamais, jamais, jamais. »

Devant l'énormité du scandale, ces mêmes dirigeants accablent aujourd'hui Armstrong (« Un salopard a triché », « Lance Armstrong n'a pas de place dans le cyclisme », etc.) et cherchent à faire oublier leurs propres responsabilités : « M. Verbruggen n'a pas tenu la main des coureurs de l'US Postal quand ils se plantaient des aiguilles », a ainsi déclaré son successeur.

Les dirigeants du cyclisme et du Tour de France ne savent pas quoi faire, rétrospectivement, des sept victoires d'Armstrong dans le Tour de France. Les attribuer systématiquement aux seconds de ces épreuves ? Oui, mais voilà, certains sont aussi sulfureux qu'Armstrong. En conséquence on s'achemine vers un blanc : pas de vainqueur pendant sept années... et qu'on tourne vite la page en espérant que les sponsors ne fassent pas comme la banque néerlandaise Rabobank, un des principaux sponsors du cyclisme, qui a déclaré jeter l'éponge et renoncer à subventionner le cyclisme.

Le sport dans cette société n'est pas une affaire d'amateurs, mais bien de professionnels, nécessairement subventionnés et dont les sponsors n'attendent que les « retombées » commerciales. Le football est même quelquefois coté en Bourse.

Le sport n'est pas seulement devenu un sport-spectacle, comme on le dit souvent. C'est devenu d'abord et avant tout une affaire capitaliste. Avec tous les coups tordus, toutes les tricheries, toutes les mafias dont le capitalisme est coutumier. Armstrong va être passé au compte des pertes, mais ni le capitalisme, ni le dopage. Et dans les mois et les années qui viennent on n'aura certainement pas fini de « découvrir » de nouvelles affaires.

Le sport propre et populaire pourrait certainement exister... mais dans une autre société.

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