Deux faces pour une même politique : Docteur Jekyll et Mister Valls25/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2308.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Deux faces pour une même politique : Docteur Jekyll et Mister Valls

Manuel Valls veut se montrer comme l'homme à poigne du gouvernement, jouant à fond la carte sécuritaire comme l'ont fait Hortefeux et Guéant naguère. Mais, gouvernement de gauche oblige, il essaie de corriger cette image. Sauf que c'est une fausse symétrie...

Il vient par exemple d'annoncer un retour en arrière sur les restrictions mises en place par la droite pour l'accès à la naturalisation. Le durcissement de la période sarkozyste avait conduit à ce qu'il n'y ait que 87 000 naturalisations en 2011, au lieu de 116 000 en 2010. Désormais, si les mesures préconisées par Valls prennent corps, il ne sera plus nécessaire de répondre au questionnaire destiné à tester les connaissances sur l'histoire ou la culture françaises des postulants à la naturalisation. Celle-ci deviendrait possible après cinq années de résidence en France, alors qu'on était passé à dix ans. Tant mieux, même s'il reste toujours des obstacles.

Pour les immigrés actuellement en France par contre, l'homme « de gauche » Valls se montre clairement hostile par exemple au droit de vote, ne serait-ce qu'aux élections municipales. Et on évoque de plus l'hypothèse que la proposition de Hollande de donner ce droit aux immigrés soit différée, pour ne pas dire carrément enterrée.

Après avoir renoncé au procès-verbal qui, selon ses promoteurs, aurait évité les contrôles d'identité trop répétés dans une même journée sur une même personne, ­Valls a évoqué l'idée de rétablir les matricules pour identifier chaque policier, comme un autre moyen de lutter contre ces contrôles abusifs. Encore faudra-t-il pour les victimes avoir le temps et la présence d'esprit pour relever ce numéro, et surtout l'audace de porter plainte, au commissariat, devant d'autres policiers.

De toute façon, il ne s'agit même pas de la part de Valls d'une proposition de loi, juste d'une idée lancée en l'air, et rien ne dit que le gouvernement ne reculera pas encore une fois devant les protestations de la police. Mais si un Manuel Valls peut mener ainsi sa barque personnelle, c'est qu'il est dans un gouvernement qui, dans tous les domaines, passe son temps à s'excuser de se situer à gauche et qui multiplie les gestes pour effacer cette tache originelle déjà largement ternie avec le temps.

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