Dépassements d'honoraires des médecins : Une complaisance qui vient de loin25/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2308.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dépassements d'honoraires des médecins : Une complaisance qui vient de loin

Les médecins libéraux peuvent choisir entre deux conventions avec l'Assurance -maladie. Ceux du secteur 1 appliquent le tarif de la Sécurité sociale : 23 euros pour la consultation d'un généraliste et 25 euros pour celle d'un spécialiste. En revanche, ceux de secteur 2 pratiquent des honoraires libres avec dépassements, la loi prévoyant simplement que ceux-ci doivent être facturés « avec tact et mesure » !

Quant aux malades, quel que soit le secteur du médecin, ils sont remboursés à 70 % du tarif de la Sécurité sociale, le reste est pour leur poche ou leur assurance complémentaire, s'ils en ont une. Il est évident que ce système instaure une inégalité d'accès aux soins entre ceux qui peuvent payer et les autres ; une histoire qui n'est pas nouvelle puisque le secteur 2 a été instauré en 1980 afin, disait-on alors, que les médecins restent conventionnés, qu'ils gagnent plus sans que les dépenses de l'Assurance-maladie augmentent. De même que vingt ans plus tôt, au prétexte d'empêcher que les grands médecins de l'hôpital public ne quittent l'institution, l'autorisation leur avait été donnée de consacrer 20 % de leur temps à une activité privée à tarif libre. Et depuis, régulièrement, des enquêtes rapportent que tel professeur de tel grand hôpital parisien facture ainsi « en privé » à plus de 100 euros sa consultation, réservée à quelques élus !

À l'heure actuelle, 90 % des généralistes exercent en secteur 1, mais ils ne sont que 40 % des spécialistes à accepter ce niveau de rémunération ; quant aux chirurgiens libéraux, ils sont à près de 90 % en secteur 2. Et pour certaines spécialités où les médecins sont trop peu nombreux, comme les ophtalmologistes, il faut attendre des semaines, on a même dit six mois dans certaines régions, avant de pouvoir consulter un médecin de secteur 1. Par contre, si on peut payer 70 euros, 80 euros, voire plus, on peut obtenir un rendez-vous dans la semaine ou sous quinzaine. Et il ne s'agit là que des consultations. Pour les actes de chirurgie, une prothèse de hanche par exemple, c'est par centaines d'euros que les chirurgiens facturent leurs dépassements, sélectionnant ainsi les plus riches ou ceux qui ont une bonne mutuelle et laissant les autres sur le tapis.

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