Santé : Quoi de changé ?17/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2307.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Santé : Quoi de changé ?

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a réaffirmé jeudi 11 octobre sur France Inter sa volonté de rompre avec la politique du gouvernement précédent. À l'entendre, elle défendra l'hôpital public et la notion de « service public hospitalier » pour qui elle propose un « pacte de confiance »

Elle s'en prendra aux dépassements d'honoraires dans les hôpitaux publics et, en cas d'échec des négociations, prendra des « mesures coercitives » par la loi. Enfin elle a ironisé sur le mouvement des médecins pigeons, qui seraient 21 000 à s'être inscrits sur une page Facebook « Les médecins ne sont pas des pigeons ». À la suite des « patrons pigeons », ils refusent une TVA de 19,6 % sur la chirurgie esthétique et la limitation des dépassements d'honoraires.

Pour le moment, Marisol Touraine fait mine de parler fort face au corps médical et à ses revendications. Mais rien ne dit que cette détermination affichée tiendra longtemps. La droite, en la personne de Roselyne Bachelot, répondait immédiatement aux demandes des médecins qu'elle pensait être un électorat assuré ; mais de son côté la gauche n'a jamais mené bien loin ses combats contre les « mandarins ». Pour ne prendre que l'exemple des dépassements d'honoraires et du secteur privé à l'hôpital public, où ces dépassements se pratiquent, en 1981 déjà Mitterrand avait promis leur suppression. Son ministre de la Santé, Ralite, un des quatre ministres communistes, l'annonçait même pour la fin 1986. Trente ans après, on attend encore de voir si Hollande et Touraine vont limiter les excès d'un système qu'ils ne parlent même pas de supprimer.

Quant à la défense de l'hôpital public par la ministre, on aura eu à attendre moins longtemps. En juillet 2012, au moment de sa prise de fonction, elle parlait d' « un engagement fort en faveur de l'hôpital public... qui se traduit très concrètement par un engagement de dépenses qui va être supérieur » et déclarait que l'hôpital public ne serait pas concerné par les réductions d'effectifs dans la fonction publique. Belles paroles, surtout qu'avec la droite, de 2009 à 2011, près de 35 000 emplois ont été sacrifiés dans les hôpitaux, au nom de l'objectif du déficit zéro imposé par la loi « hôpital, santé, patients, territoire ». Mais en octobre Marisol Touraine ne parle plus de dépenses supérieures pour l'hôpital, mais de 657 millions d'économies à faire, dont 314 millions obtenus grâce à un « renforcement de l'efficience interne des établissements ». Et pas un mot sur le maintien des postes, encore moins sur les embauches supplémentaires pourtant indispensables. Alors, que cache ce renforcement de « l'efficience interne » ?

Dans le domaine de la santé comme dans les autres, les discours affichés pour « le changement maintenant » cachent mal une politique... sans grand changement, justement.

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