Renault et le licenciement de trois cadres : Champion de cynisme17/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2307.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault et le licenciement de trois cadres : Champion de cynisme

« En tant qu'entreprise du CAC 40, en cas de crise, notre communication envisage toutes les possibilités et celle-ci en faisait partie ». Tel a été le commentaire de l'ex-directrice de la communication de Renault, au sujet des documents anticipant une éventuelle tentative de suicide chez les trois cadres mis en cause par la direction, en janvier 2011, dans une rocambolesque histoire d'espionnage.

Dans le cadre de l'enquête sur cette affaire, la Direction centrale du renseignement intérieur, la DCRI, a découvert au siège du constructeur des mails du service communication appelant à « travailler sur une déclaration à utiliser en interne ou en externe au cas où l'un d'entre eux [un des trois cadres suspectés] commettrait l'imparable ». La direction du service com' précise en outre : « Ça serait sur le thème : nous sommes abasourdis et nous avions pris les dispositions médico-psychologiques pour les trois individus ». Et d'aller plus loin, prévoyant en cas de tentative de suicide des déclarations telles que : « Toute l'entreprise est profondément ébranlée par la gravité de ce geste ». Si l'issue s'était avérée fatale, Renault aurait ajouté « [l'entreprise] pense particulièrement à la famille de M. xxx ».

En fait, deux mois après la dénonciation et le licenciement des trois cadres, annoncé par Carlos Ghosn sur le 20 heures de TF1 lors d'une mise en scène digne de 007, le PDG était revenu sur le même plateau dégonfler la baudruche et avouer avoir été trompé. Et heureusement, aucun acte désespéré n'avait été à déplorer chez les salariés mis en cause.

Mais après que la presse a mis en lumière le cynisme révélé par les communiqués prévisionnels, Renault reste droit dans ses bottes. Non seulement la directrice de la communication de l'époque s'était trouvée promue chef de cabinet de Ghosn, mais la direction se contente de regretter « les informations de presse [qui] mettent à nouveau inutilement en première ligne les trois salariés qui ont déjà eu à souffrir en 2011 ». Et de se satisfaire de ce qu'un « directeur de l'Éthique du Groupe a été nommé », les majuscules faisant partie du cinéma du constructeur.

Aussi choquante que soit cette révélation, elle n'a pas de quoi surprendre les milliers de salariés, embauchés, intérimaires ou sous-traitants, qui font quotidiennement l'expérience, tant dans les salaires et conditions de travail que dans la valse des « missions », des déplacements et des suppressions de postes, du cynisme des dirigeants du groupe.

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