PSA -- Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) : Le chômage partiel, une bonne affaire pour le patron17/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2307.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA -- Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) : Le chômage partiel, une bonne affaire pour le patron

À l'usine PSA de Saint-Ouen, où sont fabriquées les petites pièces en tôle destinées aux usines de montage du groupe, la direction a annoncé aux travailleurs plus de deux semaines de chômage partiel réparties en octobre et en novembre. Cette nouvelle période de chômage partiel entre dans le cadre de la convention APLD (Activité partielle de longue durée), un dispositif mis en place en 2009 qui s'avère très intéressant pour le patronat.

En APLD, les travailleurs mis au chômage touchent 75 % de leur salaire brut (environ 90 % du salaire net), ce salaire étant payé en partie par l'État et par l'Unedic. Selon les écrits de la direction centrale elle-même, PSA a touché 28 millions d'euros d'indemnisations APLD en 2011, pour 1 976 624 heures chômées. Soit 14,16 euros de l'heure. Bizarre, ce n'est pas le salaire des ouvriers !

Les contreparties demandées au patronat sont des plus réduites : il doit s'engager à ne pas licencier les salariés pendant deux fois la durée de la convention signée avec l'État (mais on sait ce que valent les promesses de patron !) et proposer à chaque salarié un entretien individuel pour recueillir ses souhaits de formation. Si le salarié fait une formation dans le cadre de l'APLD, il est alors payé à 100 % du salaire net.

Mais à PSA Saint-Ouen, la direction a une conception bien particulière de ces contreparties. Les entretiens individuels, personne n'en a vu la couleur. Quant à la formation « maison » et totalement bidon, elle n'est proposée qu'à une partie des ouvriers. Et en plus, la direction fait pression pour que les ouvriers acceptent cette formation, alors que dans les textes officiels, elle n'est pas obligatoire !

La direction a tout intérêt à ce que le plus grand nombre de travailleurs fassent cette formation, car elle va se la faire payer par les fonds publics, la convention APLD prévoyant des fonds à disposition des employeurs pour les actions de formation. Divers organismes publics sont chargés de collecter ces fonds auprès des collectivités locales, de l'Europe, etc.

Il est vrai qu'avec l'APLD, l'argent public permet aux ouvriers de toucher une paie quasi normale malgré le chômage imposé, et tant mieux pour eux. Mais c'est avant tout un cadeau au patronat, destiné à amortir les tensions qu'il provoque sans qu'il ait à payer. Dans cette affaire, le patron PSA gagne sur tous les tableaux : il adapte la production à ses besoins sans perdre un sou et il est rémunéré pour la pseudo-formation qu'il impose à ses salariés !

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