PSA -- Aulnay-sous-Bois : La direction veut passer en force, mais les travailleurs marquent un point17/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2307.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA -- Aulnay-sous-Bois : La direction veut passer en force, mais les travailleurs marquent un point

Décidément, la direction de PSA se méfie de la mobilisation des travailleurs contre son plan de 8 000 licenciements et de fermeture de l'usine d'Aulnay. La direction convoque un comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire pour mettre à l'ordre du jour un vote sur « l'autorisation des mobilités internes sur les usines d'Aulnay et Rennes », c'est-à-dire des mutations. En clair, la direction voudrait faire passer une partie de son plan de licenciements en douce pour vider l'usine.

À l'usine, le 15 octobre, les chefs tenaient des réunions pour expliquer que « le Code du travail et la procédure légale sont trop lents ». Qu'est-ce que cela veut dire, sinon que PSA est pressé de fermer Aulnay et de mener à terme son plan de licenciements à moindre frais ? Pour tenter de diviser les travailleurs, les chefs expliquaient que certains veulent déjà partir et que le blocage du « plan social » les en empêche. Mais, dans les mêmes réunions, ils n'avaient aucune réponse à apporter aux questions des travailleurs. Comme si la direction, qui a préparé cette fermeture depuis des années, n'avait pas eu le temps de prévoir tout cela...

La date du 25 octobre, choisie par la direction pour ce CCE, n'est pas le fruit du hasard. En effet, c'est ce même jour que Montebourg a prévu la tenue d'une réunion tripartite. Varin a déjà fait savoir son refus de discuter d'autre chose que de la revitalisation des sites de Rennes et d'Aulnay. La tenue du CCE sur les mobilités internes le matin même est une autre façon de dire qu'il refuse de discuter avec les syndicats et le gouvernement de son plan de licenciements.

Quant au ministre, il accepte que les revendications des travailleurs ne soient même pas à l'ordre du jour de cette réunion. En clair, le gouvernement ne compte pas demander à PSA des garanties pour les travailleurs menacés par ses choix.

Débrayages réussis

Cette attitude de la direction a contribué au succès des débrayages du mardi 16 octobre. Comme le disaient certains, « PSA met l'accélérateur, il faut que nous aussi on mette l'accélérateur ». Dès 10 h 30, quelques dizaines d'ouvriers se mettaient en grève au Ferrage. Au Montage, des ouvriers en débrayage avaient décidé d'aller discuter avec les autres pour les convaincre de rejoindre le mouvement de mobilisation. En fin d'équipe du matin et en début d'équipe d'après-midi, la direction organisait un véritable lock-out en arrêtant totalement les chaînes de production, voulant éviter que les ouvriers se regroupent. Malgré cela, à 13 h 00, plus de 150 ouvriers de l'équipe B en grève montaient à la direction porter leurs revendications : l'annulation du point du CCE du 25 octobre portant sur les mobilités et l'arrêt des retenues sur salaires quand les ouvriers se réunissent pour discuter de la situation.

L'après-midi, c'est de nouveau 200 grévistes qui se sont rendus à la direction. La direction de l'usine, recevant une délégation, a accepté de payer une heure d'information syndicale par semaine pour les assemblées générales. Elle a aussi accepté de ne plus faire de retraits sur salaires quand les ouvriers se réunissent durant les arrêts techniques. Enfin, elle a accepté de payer deux heures de grève. PSA met les travailleurs en danger, il est normal que PSA paye quand les ouvriers s'organisent pour réfléchir à la façon de se protéger de ses attaques.

À la Peinture

Ce même mardi 16 octobre, les dix peintres intérimaires de l'usine débrayaient entre 9 et 11 heures. Lors de leur dernière grève, en juillet, ces peintres avaient obtenu de la direction le paiement de douze heures de grève. Mais depuis, ils attendent toujours que la direction tienne son engagement. De plus, alors qu'ils font le même travail, ces peintres intérimaires constatent régulièrement des différences de paye entre eux, suivant leur entreprise d'intérim. Celles-ci ont promis de venir apporter des réponses, mais les peintres ne comptent pas en rester là.

Le principal acquis de la grève de juillet est que ces ouvriers, tout en étant intérimaires, ont appris à s'organiser ensemble et à se défendre. La direction et les entreprises d'intérim, qui vivent sur leur dos, n'en ont pas fini avec eux.

Pour tous ceux qui depuis des semaines cherchent à entraîner l'ensemble de l'usine dans la lutte, cette journée a été une vraie victoire. Elle renforce le moral pour continuer la mobilisation afin d'empêcher la manoeuvre prévue par la direction au CCE du 25 octobre.

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