Dépénalisation du cannabis : Le débat n'aura pas lieu17/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2307.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dépénalisation du cannabis : Le débat n'aura pas lieu

Le ministre de l'Éducation Vincent Peillon a provoqué la consternation à la tête du gouvernement en envisageant « un débat sur la dépénalisation du cannabis ».

Aussitôt les ténors de l'UMP, Copé en tête, sont montés au créneau en réclamant sa démission. Après quoi Jean-Marc Ayrault, dont c'est d'ailleurs la position traditionnelle, a déclaré qu'il n'était pas question de dépénalisation.

La question est débattue depuis des années dans la société, par le biais d'articles, de livres, de prises de position publiques. Plusieurs pays d'Europe, au premier rang desquels le Portugal et les Pays-Bas, ont dépénalisé le cannabis. Beaucoup d'autres ont une législation et un comportement policier plus ou moins tolérants. En France, malgré l'interdiction, la consommation de cette drogue dite douce semble augmenter, surtout dans les milieux petits-bourgeois et dans la jeunesse : 39 % des 15-17 ans déclarent en avoir déjà fumé !

Dépénaliser permettrait peut-être d'éradiquer la vente « clandestine », en réalité presque ouverte, effectuée par des dealers de banlieue, qui pourrit la vie des habitants voisins. La commercialisation serait contrôlée par l'État, comme pour le tabac et l'alcool, autres drogues tout aussi dangereuses, voire davantage, mais admises.

Tout cela serait certainement une amélioration, même si faire vraiment reculer la consommation serait un tout autre problème. Dans une société où l'individualisme est érigé en valeur dominante et où la dureté des relations humaines est la règle, le recours aux paradis artificiels a de quoi tenter toute une partie de la jeunesse.

Il serait bien sûr nécessaire de faire reculer ces addictions. Mais c'est le cadet des soucis de ceux que l'on entend dans ce débat. Copé est engagé dans une surenchère pour rallier un électorat gagné aux thèmes les plus réactionnaires. Hollande et Ayrault, eux, tremblent de se faire prendre en défaut sur ce terrain par la droite, comme sur celui de l'immigration ou de la sécurité. C'est pourquoi Ayrault a immédiatement tapé sur les doigts de Peillon, en lui rappelant qu'un ministre n'a pas à exprimer librement ce qu'il pense.

Quant à la lutte contre ce fléau qu'est la drogue et aux moyens à lui consacrer, on les cherche vainement dans cette triste polémique.

Partager