Projet de loi contre la vie chère : Le changement n'est pas pour maintenant10/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2306.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Projet de loi contre la vie chère : Le changement n'est pas pour maintenant

Le projet de loi dit de « régulation économique », présenté par le ministre de l'Outre-mer Victorin Lurel, a été adopté par le Sénat le 26 septembre. Le projet devra également passer à l'Assemblée nationale dans le courant du mois d'octobre avant d'être définitivement adopté.

Les élus socialistes sont évidemment satisfaits de cette loi censée lutter contre la vie chère tandis que ceux de droite, ainsi que les principaux représentants du patronat local, poussent des cris d'orfraie, disant voir dans le projet rien moins qu'une nouvelle forme d'économie planifiée. Si cela pouvait être vrai !

En réalité, la future loi que propose le ministre de l'Outre-mer a comme seule ambition de recréer les conditions d'une concurrence normale dans les Dom-Tom, qui serait paraît-il plus bénéfique aux consommateurs. Aujourd'hui, dans les Dom-Tom, les prix sont globalement de 10 à 12 % plus chers qu'en métropole et cette différence atteint 35 à 60 % dans l'alimentation. Pas étonnant, alors, que les populations manifestent régulièrement contre la vie chère comme ce fut le cas aux Antilles, à la Réunion et plus récemment à Mayotte.

Seulement, la loi Lurel ne répond en aucune façon aux attentes des classes populaires. Rien dans les articles qu'elle comporte ne leur est favorable. Ce ne sont que de vagues incantations au bon vouloir des patrons, toutes assorties d'une position de recul au cas où la classe capitaliste manifesterait de trop fortes résistances.

Ainsi, l'article prévoyant que les contrats commerciaux prohiberont les clauses accordant « des droits exclusifs d'importation à un opérateur » est aussitôt modéré par la formule « sauf lorsqu'elles sont justifiées par des motifs objectifs tirés de l'efficacité économique. » Ou encore : « En cas d'existence d'une position dominante... l'Autorité de la concurrence peut... faire connaître ses préoccupations de concurrence à l'entreprise. » Tout est dans le « faire connaître », une expression douce, choisie pour ne pas heurter un quelconque patron.

Cette future loi est tellement vide que la députée socialiste de la Réunion Ericka Bareigts a tenu à préciser que « les effets de cette loi ne seront pas visibles immédiatement, ce n'est pas le but ».

Autant dire qu'il n'y a pas là de quoi effrayer les capitalistes, d'autant qu'il n'est nulle part question d'envisager ce qui pourrait véritablement améliorer la situation des classes populaires : une réelle augmentation des salaires.

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