Île de la Réunion : Le Parti communiste réunionnais en quête d'une politique10/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2306.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Île de la Réunion : Le Parti communiste réunionnais en quête d'une politique

Le dimanche 30 septembre s'est tenue à Saint-Louis une « assemblée générale extraordinaire » du Parti communiste réunionnais. La rencontre a été présentée par les dirigeants de ce parti comme le coup d'envoi de sa « reconstruction » mais aussi l'occasion de réaffirmer « sa stratégie à long terme de changement de la société réunionnaise ».

Au lendemain de la défaite aux régionales de 2010 de la liste dite de l'Alliance, dont le PCR était la principale composante, Élie Hoarau son secrétaire général avait déclaré qu'il fallait « une remise en cause et aussi un rajeunissement des cadres » du parti. S'il semble que le rajeunissement des cadres soit sur les rails, on ne peut en revanche pas dire que le PCR veuille changer quoi que ce soit dans le programme qui est le sien depuis des décennies.

Les intervenants à cette assemblée ont, à juste titre, pointé du doigt la situation intolérable des classes populaires : un chômage qui, aux dires des statistiques officielles, se monte actuellement à 158 000 demandeurs d'emploi, en progression de plus de 6 % par an. Un Réunionnais sur deux est en situation de pauvreté, en 2011 la Réunion comptait plus de 150 000 allocataires d'une des prestations du minimum social. Dans le domaine du logement la situation est tout aussi dramatique, avec 25 000 familles mal logées. L'illettrisme atteint des sommets et touche aujourd'hui 120 000 personnes.

Mais face à ce constat qui nécessite des mesures d'urgence, que propose le PCR ? Bien peu de choses en réalité et en tout cas rien qui puisse porter remède aux maux dont souffre la population. Il prétend par exemple pouvoir combattre le fléau du chômage par la création de « deux grands services d'aide à la personne et dans l'environnement », ainsi que par la relance des grands chantiers. À l'entendre, l'illettrisme pourrait être éradiqué grâce à de jeunes diplômés « qui accepteraient de s'investir, sous l'égide d'associations agréées, dans un plan d'alphabétisation ». Quant à la cherté de la vie, elle pourrait être battue en brèche par « l'autosuffisance alimentaire », « l'autonomie énergétique » et le « co-développement régional » qui permettraient de diminuer ou de supprimer les frais de transport.

Si elles étaient appliquées, certaines de ces mesures créeraient évidemment quelques emplois mais à doses homéopathiques, sans pouvoir donner un travail à tous ceux qui en ont cruellement besoin. Quant à l'illettrisme, seuls des moyens déployés par l'État pourraient en venir à bout. En fait, le verbiage du PCR ne peut que brouiller l'esprit des travailleurs en évitant de désigner les capitalistes, et le gouvernement qui les soutient, comme les premiers et véritables responsables de la déplorable situation dans laquelle sont plongées les classes populaires.

De grands capitalistes existent à la Réunion. Ils ont pour nom Apavou, de Chateauvieux, Caillé, Ravate, Goulamaly ou Isautier. Apavou par exemple, riche à centaines de millions, possède 1 300 chambres d'hôtel et 433 000 m² d'immobilier. Sa fortune s'est en partie édifiée avec l'argent et les cadeaux de l'État, via toutes les lois de défiscalisation. Dans le haut du classement des grandes fortunes on trouve aussi l'incontournable de Chateauvieux. Après avoir fait fortune dans la canne à sucre et ses dérivés, ses activités se sont étendues dans les services maritimes à l'offshore pétrolier, le remorquage et le transport. Le groupe possède aujourd'hui 369 navires de toutes sortes.

Tous ces capitalistes choyés par le gouvernement, vis-à-vis duquel le PCR est très complaisant, n'hésitent pas à jeter des travailleurs à la rue pour maintenir ou augmenter leurs profits. Le système économique taillé à leur mesure est responsable du chômage, de la précarité et de la vie chère. C'est à partir de cette seule réalité que peut être élaboré un programme de lutte qui corresponde aux intérêts des travailleurs pour imposer les mesures pouvant améliorer leurs conditions de vie.

Le PCR emprunte visiblement une autre voie.

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