Fralib -- Aubagne (Bouches-du-Rhône) : Deux ans de lutte contre la fermeture de l'usine10/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2306.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fralib -- Aubagne (Bouches-du-Rhône) : Deux ans de lutte contre la fermeture de l'usine

Mardi 2 octobre, le délégué CGT au comité d'entreprise de Fralib à Aubagne, en banlieue de Marseille, devait pour la seconde fois se défendre devant le tribunal de Nanterre pour des « atteintes à l'honneur de la marque », parce qu'il a dénoncé notamment l'évasion fiscale vers la Suisse pratiquée par Unilever et l'utilisation de produits chimiques pour aromatiser les sachets d'infusion.

Au Salon de l'automobile, samedi 29 septembre, les travailleurs de Fralib sont venus dire leur colère en même temps que les travailleurs de l'automobile.

Ils avaient célébré la veille leurs deux ans de lutte contre la fermeture de l'usine décrétée en septembre 2010 par le groupe Unilever. Il s'agissait pour la direction de ce groupe, qui rien qu'en 2011 a engrangé 4,5 milliards d'euros de bénéfices, de transférer la production de sachets de thé et d'infusions sur d'autres sites et de fermer l'usine d'Aubagne, en détruisant 180 emplois.

Les dirigeants, pour qui cette fermeture ne devait être qu'une formalité, sont tombés sur un obstacle, car les travailleurs n'ont cessé de s'y opposer. Ils ont distribué des tracts sur les marchés, dans les centres commerciaux, organisé des péages gratuits, occupé l'usine à deux reprises de crainte du déménagement des machines par la direction. Ils ont obtenu de la justice à deux reprises la condamnation de la fermeture, car Unilever n'avait même pas respecté les formes légales. Ils se sont rassemblés devant les tribunaux, les commissariats et les gendarmeries, les nombreuses fois où la direction a porté plainte contre certains d'entre eux, à qui Unilever reprochait d'avoir résisté aux interventions des gros bras employés par une société de vigiles pour expulser les ouvriers qui occupaient l'usine.

L'usine est actuellement encore occupée, et la CGT défend l'idée de la poursuite de son activité sous la forme d'une SCOP, une coopérative ouvrière. 80 des 180 salariés licenciés sont prêts à y travailler, et demandent qu'Unilever leur cède la marque L'Éléphant et leur fournisse des commandes suffisantes pendant trois ans, ce qu'Unilever refuse tout net.

La CGT rappelle leurs engagements à Montebourg et à Hollande notamment, qui s'étaient rendus sur place et avaient dit vouloir s'opposer à la fermeture. Mais il y a quelques jours Montebourg, à présent ministre du Redressement productif, a déclaré ne pas avoir le pouvoir de réquisitionner une marque.

La seule force des travailleurs, c'est leur détermination et leur solidarité, qui restent intactes après deux ans. C'est ainsi qu'ils pourront faire payer Unilever, qu'ils ont d'ailleurs déjà obligé à augmenter de plusieurs dizaines de milliers d'euros les indemnités de licenciement.

Partager