40 milliards pour les patrons : Pour la compétitivité... des profits10/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2306.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

40 milliards pour les patrons : Pour la compétitivité... des profits

Le gouvernement prépare un plan pour, prétend-t-il restaurer la « compétitivité » de l'industrie nationale. Restaurer la compétitivité ? Pourquoi pas en diminuant les dividendes des actionnaires ? Mais ce n'est pas du tout ce qu'il envisage.

Pour les ministres, comme pour les grands patrons, ce qui nuit à la compétitivité des entreprises n'est pas les profits, qui sont intouchables, mais les salaires.

Le projet du gouvernement se traduirait par une réduction de 40 milliards sur cinq ans des « charges » patronales, c'est-à-dire des cotisations qui alimentent l'assurance chômage et la Sécurité sociale, allocations familiales, caisse maladie, caisse vieillesse, etc. Ces charges ne sont que du salaire qu'on appelle différé, produit exclusivement par le travail des salariés et qui leur revient théoriquement sous une forme indirecte par le biais des différentes caisses.

À en croire la presse, le gouvernement Ayrault s'apprêterait à alléger ce que l'on appelle improprement les « charges » patronales, en compensant le manque à gagner par l'augmentation de la CSG, contribution sociale généralisée. Cette taxe, inventée en 1990 par le socialiste Michel Rocard, est en particulier prélevée à la source sur les retraites, et prélevée par les patrons sur les salaires, et depuis son instauration son taux n'a cessé d'augmenter.

« Nous n'augmenterons jamais la TVA, ni la CSG, pour combler les trous du budget de l'État », avait pourtant déclaré Ayrault. Mais pour les « trous » du budget de la Sécurité sociale, les ministres n'ont rien dit. Il leur suffit donc de jouer sur les mots pour masquer l'entourloupe.

Les 40 milliards de réduction des « charges » patronales promis au patronat ne sortiront pas de rien : comme toutes les subventions ou exonérations de charges patronales, ils seront pris sur les salaires et les retraites. C'est ce que confirme le choix par Moscovici de Louis Gallois, ex-PDG de la SNCF et d'EADS, pour rédiger d'ici début novembre un rapport sur la compétitivité des entreprises françaises. En juillet dernier, lors des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, celui-ci préconisait déjà de transférer de 30 à 50 milliards d'euros de cotisations sociales patronales sur la CSG, la TVA ou les impôts des retraités.

Avec ce cadeau de 40 milliards aux industriels, le gouvernement prétend vouloir créer un « choc de compétitivité », et relancer la production. Mais ce sont avant tout des milliards distribués au patronat, sans condition et sans la moindre garantie. Si même cela entraînait une relance, rien ne dit qu'il en résulterait des embauches à la mesure de la situation. D'une façon ou d'une autre, c'est le monde du travail qui paiera pour les profits de la bourgeoisie.

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