Droit de vote des étrangers : Un projet en voie d'abandon ?20/09/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/09/une2303.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Droit de vote des étrangers : Un projet en voie d'abandon ?

75 députés du Parti socialiste ont publié une tribune dans Le Monde pour rappeler à François Hollande sa promesse de donner le droit de vote aux élections locales aux étrangers, en dehors de ceux de l'Union européenne qui ont déjà cette possibilité à condition qu'ils résident en France depuis cinq ans.

Au même moment, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, peaufinant son personnage de « Premier flic » de France, selon l'expression de son modèle Clemenceau, indiquait que cette proposition de Hollande n'était pas « une revendication forte », pas « un élément puissant d'intégration » et qu'un débat sur ce sujet risquait « de provoquer des fractures ». Dans un moment de crise, ajoutait-il, « on voit bien comment cela peut être utilisé, agité. »

En écho, à droite, Fillon en profitait pour demander « solennellement au président de la République de renoncer à ce projet » sur un sujet « qui va diviser profondément les Français ».

L'Élysée a finalement fait savoir que l'engagement serait tenu « avant la fin de la législature, probablement au cours de l'année 2013 pour les élections municipales de 2014 ».

Cela fait trente ans que le Parti socialiste a inscrit cette proposition dans son programme sans jamais la réaliser. En 1981, Mitterrand arguait que le Sénat, de droite, ne la voterait jamais. En 1988, il récidivait, cette fois-ci c'était la faute de l'opinion publique : « Je déplore personnellement, écrivait-il, que l'état de nos moeurs ne nous le permette pas. » En 2000, le Sénat étant toujours de droite, Jospin renonçait à lui faire passer un texte adopté par l'Assemblée.

En 2011, la majorité du Sénat, passée à gauche, a fait adopter un projet de loi donnant le vote aux étrangers aux seules élections municipales en précisant qu'ils pourraient devenir conseillers mais pas maires. Mais on entend dire maintenant qu'il nécessite l'approbation des trois cinquièmes des sénateurs et députés réunis en Congrès, trente-quatre de plus que n'en dispose le PS... Cela servira-t-il de prochaine excuse ?

Pourtant les travailleurs immigrés devraient avoir le droit de vote à toutes les élections et sans restrictions. Ils forment une partie essentielle de la classe ouvrière, sur les chantiers, dans les usines, dans toutes sortes de métiers souvent les plus durs et les plus mal payés, ils cotisent, ils payent des impôts. Les priver de ce droit élémentaire est non seulement une injustice mais c'est aussi une façon de sous-représenter la classe ouvrière dans l'électorat.

On est loin de cela dans le projet tronqué proposé par le Parti socialiste. Seules les préoccupations électoralistes ont présidé à son élaboration, et il est peut-être déjà en voie d'abandon, faute d'avoir le courage d'affronter la partie la plus réactionnaire de l'électorat, cliente de la droite et de l'extrême droite.

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