Jean-Jacques Edmond30/08/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/08/une2300.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Notre camarade

Jean-Jacques Edmond

Jean-Jacques Edmond, Soble pour ses camarades de Lutte Ouvrière, est mort à 61 ans, après sept ans de maladies, des maladies qui lui avaient laissé des rémissions assez durables pour qu'il puisse profiter de la vie pendant de longs moments, avant cette dernière année où il fut cloué chez lui.

Pour lui, la vie c'était avant tout la vie militante. Il a tenu jusqu'au bout à ce que les réunions aient lieu chez lui pour pouvoir y participer, et continuer à militer, ne serait-ce qu'à travers les militants plus jeunes qui l'entouraient. Et il appréciait les visites de tous les camarades, pas seulement parce que c'était le signe que l'on tenait à lui, mais parce qu'ils lui apportaient des nouvelles de la vie militante.

Toute sa jeunesse, Jean-Jacques l'a passée à Saint-Ouen, une banlieue communiste. Influencé par ses grands-parents et grands-oncles ouvriers, dont certains étaient communistes et d'autres marqués par la guerre de 1914-1 918, et révolté par les sales guerres d'Algérie et du Vietnam, c'est tout naturellement qu'il se tourna, à 14 ans, à la suite de son frère, vers les Jeunesses communistes. Seulement on était en 1965, l'année où le Parti communiste appela à voter Mitterrand, et parce qu'il exprimait son désaccord avec le fait que le PC appelait à voter pour cet homme, que leur grand-père leur décrivait comme un politicien ayant été décoré de la francisque par Pétain, un ministre qui avait participé à bien des gouvernements de droite, qui avait fait guillotiner un ouvrier communiste algérien, Jean-Jacques se trouva écarté des Jeunesses communistes avant même d'y avoir formellement adhéré. C'est alors qu'il se tourna, pour comprendre, vers les idées trotskystes et Voix Ouvrière, l'organisation qui allait donner naissance à Lutte Ouvrière après Mai 68.

C'est dire que, toute sa vie consciente, Soble la passa à Lutte Ouvrière, militant dans la région parisienne, et partout où il eut l'occasion de donner des coups de main à des camarades, en province, dans les îles de la Caraïbe, vivant de petits boulots, et souvent de ses maigres économies, pour avoir plus de temps pour militer. Tout au long de ses quarante-six ans de vie militante, il s'est fait non seulement des camarades, mais des amis fidèles qui l'entourèrent jusqu'à sa mort.

Dévoué à sa classe, la classe ouvrière, à son organisation, à ses camarades, à ses amis, méprisant toute forme de vanité, gouailleur, volontaire, ayant comme on dit du « caractère », avec ce que cela implique de courage et parfois d'emportements, voilà le Jean-Jacques, le Soble, dont nous nous souviendrons. Il était un militant, un ami, sur lequel on s'appuie, même sans quelquefois en avoir conscience.

Et nous sommes solidaires, dans le chagrin, de sa compagne, qui l'accompagna jusqu'au bout en sachant lui organiser, en cette dernière année difficile, beaucoup de moments heureux, avec sa famille et ses proches.

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