Mali : Violences contre les populations04/07/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/07/une2292.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mali : Violences contre les populations

Depuis le coup d'État militaire qui, le 22 mars dernier, a renversé le président malien Amadou Toumani Touré, dit ATT, la moitié nord du pays est devenue le terrain d'affrontements entre groupes armés se réclamant, qui de la population touareg, qui du djihad islamique.

La population des régions ravagées par cette guerre de clans a déjà dû fuir, par dizaines de milliers, notamment vers les pays voisins, Mauritanie, Burkina Faso et Niger. Les habitants qui restent dans les villes principales, Tombouctou, Gao, Kidal et dans les villages du nord sont soumis aux exactions des groupes armés, tantôt alliés, tantôt concurrents pour la domination de cet immense territoire. Il s'agit du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), qui revendique l'indépendance d'une zone considérée comme touareg, ou encore de groupes se réclamant d'Al-Qaïda ou autres variantes de l'intégrisme islamique. Bref, des hommes armés jusqu'aux dents, dont certains démobilisés de Libye après la chute de Khadafi, terrorisent la population : meurtres, viols, pillages, racket. À Gao, des mines antipersonnel auraient été installées sous prétexte de défendre la ville contre les intrusions, mais qui en réalité empêchent la population de fuir.

Dans le dernier numéro du mensuel Le Pouvoir aux Travailleurs, édité par nos camarades de l'UATCI, l'Union africaine des travailleurs communistes internationalistes, on peut lire ces lignes concernant la manière dont « les groupes armés islamistes imposent la charia dans les villes conquises du Nord-Mali » :

« Les groupes armés islamistes se réclamant d'Ansar Eddine ont fait main basse sur la ville de Tombouctou après la débandade de l'armée malienne. Ils y ont instauré la charia. Tout dernièrement, ils ont condamné à cent coups de fouet un couple dont le seul tort est d'avoir conçu un enfant hors mariage.[...] Ils ont décidé de procéder à ce châtiment corporel sur la place publique et ont tenu à déclarer qu'ils ne s'arrêteront pas là. Six autres femmes ayant commis la même « faute » subiront la même punition.

Quelques jours auparavant, à Bourem, ce sont des fumeurs qui ont été fouettés par les miliciens islamistes. Ces derniers ont confisqué des cartons de cigarettes et les ont brûlés.

Au mois de mai dernier, c'était dans la ville de Gao qu'ils avaient sévi en voulant interdire aux jeunes de jouer au football ou de regarder la télévision. Mais là ils sont tombés sur des jeunes qui n'étaient pas prêts à se soumettre à leur diktat sans rien dire. Il y a eu des bagarres et des manifestations de rue soutenues par une partie non négligeable de la population. [...] Jusqu'au principal hôpital et aux petits centres de santé, tout a été pillé par ces bandits se réclamant d'Allah. »

L'accent a récemment été mis sur la destruction de monuments historiques à Tombouctou par un des groupes islamistes contrôlant la ville. Un argument supplémentaire, sans doute, pour les dirigeants maliens et la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest, très influencée par les grandes puissances ex-colonisatrices, dont en premier lieu la France, pour en appeler à un engagement militaire de ces dernières.

À ce propos, nos camarades de l'UATCI rappellent que « les dirigeants impérialistes, lorsqu'ils décident d'envoyer leurs troupes pour intervenir en Afrique ou ailleurs, que ce soit sous le couvert de l'ONU ou directement sous prétexte de venir au secours de populations, c'est d'abord pour rétablir l'ordre impérialiste », et jamais pour le bien des populations.

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