Total Petrochemicals -- Carling (Moselle) : Trois ans pour une mise en examen, combien pour un jugement ?20/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2290.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Total Petrochemicals -- Carling (Moselle) : Trois ans pour une mise en examen, combien pour un jugement ?

Le parquet de Metz a annoncé jeudi 15 juin la mise en examen de Total Petrochemicals France et de son ancien directeur pour homicides et blessures involontaires, après l'explosion survenue en 2009 du vapocraqueur de Carling.

C'est le 15 juillet 2009 à 14 h 50 que le vapocraqueur numéro 1 de la plate-forme pétrochimique de Carling explose. Deux ouvriers, Maximilien Lemaire, 22 ans, et Jérôme Grifoul, 28 ans, perdent la vie. Il y a en plus sept blessés, dont deux grands brûlés.

L'enchaînement des faits ne fait aucun doute à l'époque. La veille, le 14 juillet, vers 23 heures, un gros orage avec des pluies diluviennes s'abat sur la plate-forme de Carling, site classé Seveso 2, seuil haut. La direction décide d'arrêter le vapocraqueur suite à des infiltrations d'eau. Le lendemain, neuf travailleurs (huit employés chez Total et un salarié d'une entreprise sous-traitante) sont chargés de le remettre en route.

Dès 2009, une enquête interne du CHSCT avait montré qu'un automatisme de sécurité empêchant la sortie du gaz en cas d'absence de flamme avait été désactivé plusieurs années auparavant car il se déclenchait de manière intempestive. Et comme l'arrêt et le rallumage du vapocraqueur sont choses rares, la direction avait décidé de s'en passer.

Les travailleurs devaient surveiller la flamme du surchauffeur en s'approchant au plus près de l'équipement. Ces difficultés d'allumage avaient déjà été soulignées à de nombreuses reprises par les travailleurs du site, sans que la direction apporte de réponse.

La responsabilité de Total dans le drame est évidente. Pas gênée, la direction du groupe a déclaré que « cette mise en examen va permettre à la société Total Petrochemicals France de prendre connaissance du dossier et des différents éléments d'expertise. Et la société va également pouvoir faire valoir ses analyses sur les causes de l'accident ». Autrement dit il est évident qu'elle va tenter de reporter la responsabilité de l'accident sur un lampiste.

Pour le moment, aucune date d'audience n'a été fixée dans cette affaire. On se hâte lentement. Après la catastrophe de l'Erika, celle d'AZF Toulouse, le multirécidiviste Total est habitué à la lenteur de la justice, mais aussi à sa clémence.

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