Spie-Batignolles : Zéro accident du travail ou falsification des chiffres ?20/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2290.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Spie-Batignolles : Zéro accident du travail ou falsification des chiffres ?

« Le zéro accident du travail, c'est possible », disait en 2009 le PDG de l'entreprise de construction Spie Batignolles. C'est possible en effet... à condition de ne pas les déclarer à l'assurance maladie et de les maquiller en arrêts maladie.

C'est ce que vient de révéler un salarié de l'entreprise, gravement brûlé sur un chantier en août dernier. Le responsable de la sécurité aurait alors déclaré à l'inspection du travail qu'il s'agissait d'une tentative de suicide, et le salarié avait dû se battre pendant six mois pour que l'assurance maladie reconnaisse qu'il s'agissait bien d'un accident du travail, devant être pris en charge à 100 %. On a aussi appris que l'entreprise usait de pressions sur les travailleurs pour qu'ils ne déclarent pas les accidents, notamment par l'octroi d'une prime dont le montant était remis en cause lorsqu'il y en avait.

Spie Batignolles n'est certes pas la seule entreprise à agir ainsi, cette pratique se développe dans de nombreux secteurs, maquillée derrière de prétendus efforts de la direction pour veiller à la sécurité des salariés. L'exemple de Michelin, dont les pratiques similaires ont été dévoilées il y a plusieurs mois, est là pour le prouver. Le but est clair : étant donné que plus le nombre d'accidents est élevé, plus augmente le taux de cotisation d'une entreprise à la Sécurité sociale, celle-ci trouve donc son compte à ne pas les déclarer. Les frais de santé sont alors pris en charge par l'assurance maladie, financée en partie par les employeurs, mais aussi par les cotisations des salariés, par les contribuables, au travers de la CSG, et par les mutuelles, tandis que les employeurs sont seuls à cotiser pour alimenter la branche des risques professionnels. Quant au salarié accidenté, il peut ne pas y voir de différence dans un premier temps, mais à long terme il est perdant, surtout en cas de séquelles pouvant se déclarer bien après.

Le secteur du bâtiment est tristement connu pour son taux élevé d'accidents du travail. Alors qu'il n'emploie que 9 % des salariés affiliés au régime général, il est responsable de 18 % des accidents et de 30 % des décès au travail. Sur les chantiers, un travailleur meurt tous les trois jours. C'est cela, la réalité du travail. Pas la propagande mensongère de Spie Batignolles.

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