Crise de l'euro : Les spéculateurs sont à l'oeuvre20/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2290.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Crise de l'euro : Les spéculateurs sont à l'oeuvre

Après l'annonce des résultats des élections législatives en Grèce -- de la victoire électorale de la droite -- les Bourses européennes ont ouvert en hausse lundi 18 juin. Pas pour longtemps. À la fin de la journée, toutes, à l'exception de la Bourse grecque, ont terminé en baisse. Si l'on en croit la presse, c'est parce que les investisseurs n'étaient pas si rassurés que cela par le résultat des élections grecques et, surtout, en raison de leurs doutes sur la capacité de l'État espagnol à faire face à la déconfiture de ses banques.

Le plan européen de sauvetage des banques espagnoles destiné à « rassurer les marchés », avec l'aide des 100 milliards d'euros promis par l'Europe, a en effet fait long feu. Au-delà des banques, c'est désormais la solvabilité de l'État espagnol lui-même, sa capacité à rembourser ses dettes, qui serait désormais en cause et susciterait l'inquiétude des marchés financiers et, derrière elle, en fait, l'intérêt des banquiers spéculateurs.

En l'occurrence, l'inquiétude de ces fameux marchés qui fait chaque jour la une des journaux a vraiment bon dos. Ces marchés ne sont pas anonymes, ils sont faits de spéculateurs qui ne sont pas du tout inquiets, mais font monter les enchères.

Ainsi, lundi 18 juin, l'État espagnol qui émettait pour trois milliards d'euros d'obligations à trois et cinq ans a trouvé preneur, mais il a dû payer le prix fort pour ses nouveaux emprunts : presque deux fois plus cher que le mois dernier.

Le même jour, le taux d'intérêt des obligations espagnoles à dix ans franchissait pour la première fois le seuil de 7 % sur le marché secondaire, seuil présenté comme insupportable à court terme pour les finances d'un État.

C'est en tout cas la preuve que, s'il y a des vendeurs, qui préfèrent se défaire des obligations espagnoles qu'ils détiennent, il y a aussi des acheteurs, des banquiers et autres spéculateurs financiers, qui eux spéculent sur les difficultés du pays à la manière d'usuriers qui n'acceptent de prêter qu'à des taux faramineux.

En faisant monter les enchères, ils contribuent, en toute connaissance de cause, à l'approfondissement de la crise. Mais ils ne sont pas inquiets et n'ont pas besoin d'être rassurés : ils n'ignorent rien des risques d'une situation dont ils sont responsables et dont ils tirent profit. Mais ils parient sur le fait qu'au bout du compte, en cas de défaut, les États européens, directement ou par banques centrales interposées, viendront à leur secours, comme ils l'ont fait jusqu'à présent, leur permettant de récupérer leur mise. En attendant, ils encaisseront, mois après mois, la prime de risque, vivant des prélèvements opérés sur les États, et au-delà sur des populations toujours plus étranglées.

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