Kazakhstan : La dictature persiste et saigne les grévistes13/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2289.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Kazakhstan : La dictature persiste et saigne les grévistes

Dans son sanglant bras de fer avec les ouvriers du pétrole du Kazakhstan, la plus vaste des ex-républiques soviétiques d'Asie centrale, le régime du dictateur Nazarbaïev n'en finit pas de mener la répression.

Le 6 juin, ses tribunaux ont condamné treize militants syndicalistes de Janaozen à des peines de trois à sept ans d'emprisonnement. Leur crime ? Avoir organisé une grève pour l'augmentation des salaires et l'amélioration des conditions de travail dans l'industrie pétrolière et gazière.

Cette grève a paralysé durant huit mois la principale source de devises fortes du pays et, du coup, d'enrichissement des hauts bureaucrates kazakhs, en particulier des proches du dictateur. Ce sont eux en effet qui se sont arrogé le monopole des contrats d'exploitation et d'exportation des hydrocarbures du pays avec les compagnies occidentales et chinoises.

Durant ces huit mois, -- mais tous ne faisaient pas forcément grève en même temps --, des dizaines de milliers d'ouvriers du gaz et du pétrole ont vu se dresser contre eux les parasites du pouvoir qui sentaient menacée leur situation de nantis. Ces travailleurs ont dû affronter les flics de la dictature et ses tribunaux qui ont multiplié les mesures d'intimidation, les arrestations et condamnations, tandis que les hommes de main des sociétés pétrolières incendiaient des logements ouvriers, voire assassinaient des grévistes dans le but de casser la grève. Et tout cela s'est déroulé sur fond de silence complice, des mois durant, de la part des chancelleries occidentales et des médias des pays dits démocratiques.

C'est le 16 décembre 2011, dans la ville de Janaozen, puis dans la bourgade voisine de Chtepe, que le comble de l'horreur a été atteint : dix-sept participants d'une manifestation pacifique sont tombés sous les balles des forces spéciales, qui ont aussi blessé plus de cent autres manifestants.

Eh bien, ce sont treize survivants de cette tuerie, qualifiés d'émeutiers par le régime, qu'un de ses tribunaux vient d'envoyer derrière les barreaux pour des années ! Vingt et un autres inculpés ont écopé de prison avec sursis ou ont vu leur peine amnistiée. Trois enfin ont été acquittés.

De la sorte, Nazarbaïev pourra prétendre que ses tribunaux ne condamnent pas systématiquement. Lui qui entretient les meilleures relations avec les dirigeants occidentaux et leurs compagnies pétrolières, et qui s'est choisi comme « conseiller image » grassement rémunéré Tony Blair, un ancien Premier ministre travailliste britannique, espérait sans doute que les médias et autres faiseurs d'opinion d'Europe et d'Amérique, qu'on n'a effectivement pas plus entendus à cette occasion que durant la grève, porteront ces rares acquittements à son crédit.

Mais, au pouvoir depuis plus de vingt ans, le dictateur Noursoultan Nazarbaïev ne se refait pas.

Le jour où tombait le verdict contre les inculpés de Janaozen, sa « justice » inculpait quatre autres ouvriers du pétrole pour « incitation à la haine sociale ». Quant au KNB, le KGB kazakh, il soumet systématiquement à des interrogatoires « poussés » les travailleurs de la société Ozenmounaïgaz qu'il suspecte d'être liés au syndicat indépendant du régime et de préparer une nouvelle grève, un ouvrier de 51 ans venant de se suicider après un tel interrogatoire.

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