« Front républicain » : Piège pour les électeurs de gauche, alibi pour les politiciens13/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2289.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Élections législatives

« Front républicain » : Piège pour les électeurs de gauche, alibi pour les politiciens

Les règles électorales font que, lors du second tour des élections législatives, les électeurs sont dessaisis, de fait, de la possibilité de voter pour le candidat et surtout le programme de leur choix, seuls deux ou trois candidats restant alors en lice.

Outre les règles découlant de la loi électorale, il y en a d'autres, mises en place par les dirigeants des partis eux-mêmes, comme celle désignée sous le nom de Front républicain. Cette règle non écrite voudrait que des formations de camps opposés, comme le PS et le PCF d'une part, ou bien l'UMP et la droite dite républicaine d'autre part, s'unissent pour empêcher les partis dits non républicains d'avoir des élus. Cette règle, qui n'en est vraiment pas une, est aujourd'hui au coeur du débat politicien entre les deux tours des élections législatives.

Cet accord tacite est toujours un piège -- ou pour certains un alibi -- dans lequel on essaie d'entraîner les électeurs, surtout à gauche, car la droite, elle, sait s'affranchir sans complexe de cette règle-là. On le constate aujourd'hui une fois encore.

L'illustration de cela, encore dans les mémoires, a été l'élection présidentielle de 2002, où le second tour laissait face à face Chirac et Le Pen père. Au nom de ce principe, toute la gauche parlementaire, et même une partie de l'extrême gauche, appela à choisir Chirac pour ne pas avoir Le Pen. On se rappelle encore qu'on évita d'avoir Le Pen, mais pas d'avoir ses idées au gouvernement, car Chirac avait entre autres dans ses fourgons Sarkozy et quelques autres qui, eux, n'ont aucune répugnance à enfourcher le cheval de bataille de la xénophobie et du racisme.

Cette expérience a beau avoir été faite, les mêmes nous remettent ça à chaque élection. Ceux qui se sont laissé prendre à ce piège peuvent croire que cela n'a guère d'importance, puisqu'il ne s'agit que d'élections, dont on sait par ailleurs qu'elles ne changent pas grand-chose à la situation. Mais cela en a une, et l'exemple de 2002 l'illustre bien. L'idée qu'on puisse choisir la droite pour se protéger de l'extrême droite s'ancre dans les esprits des électeurs qui se considèrent de gauche, laissant l'impression que droite et gauche peuvent être, sinon la même chose, du moins des options équivalentes face à certaines situations. C'est pour le moins cultiver la confusion.

Si les élections ne permettent pas de changer beaucoup les situations, elles peuvent au moins servir à clarifier les idées, à dissiper les ambiguïtés. Le « Front républicain » contribue, au contraire, à brouiller les esprits et du même coup à désarmer la population devant les mauvais coups qui se préparent, à chaque fois au nom de l'unité.

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