Espagne : Pour sauver les banques, on détrousse les classes populaires13/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2289.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : Pour sauver les banques, on détrousse les classes populaires

Le gouvernement de Mariano Rajoy ose se vanter d'avoir évité à l'Espagne la honte d'un sauvetage, en obtenant des autorités monétaires de l'Union européenne un emprunt. Il n'empêche que les milliards accordés aux banques espagnoles pour éviter leur faillite seront à payer par la population. Du coup, en Espagne, dans les quartiers populaires, dans les entreprises, les administrations, pour les petits commerçants qui vivent chichement grâce à une clientèle de quartier, sans compter tous ceux qui travaillent dans les grandes exploitations agricoles, l'inquiétude mais aussi un sentiment de révolte dominent.

Les quelque cent milliards que les banquiers vont empocher pour continuer à jouer sur les marchés financiers se traduiront par des profits pour les banquiers européens ainsi que pour les actionnaires des grandes banques espagnoles comme BBVA, Banco de Espana, Bankia, la Caixa ou autres mastodontes qui ont mis l'économie du pays au bord de la ruine. Quand Mariano Rajoy prétend qu'il a réussi à garder une plus grande liberté vis-à-vis des institutions européennes que n'en ont obtenu la Grèce et le Portugal, c'est un gros mensonge. Ou plutôt c'est l'expression d'un assujettissement à l'égard des banques européennes et espagnoles, qui sont bien plus complices entre elles qu'elles ne sont concurrentes.

En réalité, Mariano Rajoy et les siens n'ont pas besoin de la pression des grandes puissances européennes pour imposer une austérité accrue aux classes populaires. Les coupes dans les budgets sociaux, les licenciements, les baisses de salaire, le chômage, les expulsions, c'était la réalité d'hier, c'est celle, accrue, d'aujourd'hui. Et ce sera celle de demain, si les classes populaires n'y mettent pas un coup d'arrêt.

Un nombre croissant de jeunes, de travailleurs, de chômeurs l'ont compris, même si les mouvements de colère sont encore sporadiques et isolés.

Aujourd'hui, par la faute des gouvernements et des banquiers, chaque enfant qui naît en Espagne est endetté à hauteur de 2 100 euros. Charmant cadeau !

Et tout cela parce que le grand patronat du bâtiment et les banquiers ont, entre autres, spéculé sur l'immobilier et accumulé des millions d'euros, en endettant des centaines de milliers de familles qui ne peuvent plus faire face au remboursement de leurs emprunts. Le sort de ces gens-là ne préoccupe pas les autorités européennes, financières ou autres, ni bien évidemment leurs homologues espagnols. C'est ainsi que plus d'un million et demi d'appartements sont inoccupés, parce qu'ils n'ont pu être vendus ou parce que ceux qui les avaient acquis en ont été expulsés.

Alors ce sauvetage des banques est un vol social de plus aux dépens des classes populaires.

L'annonce de ce sauvetage des banques a suscité des manifestations dans des quartiers populaires de diverses villes, à Madrid, Barcelone, Séville ou ailleurs.Dans les Asturies, la suspension de l'aide gouvernementale au secteur minier, qui va se traduire par la ruine de toute la région, a entraîné une vague de grèves, d'occupations de mines, de manifestations, de blocages de routes et de transports ; une grève générale est annoncée dans les Asturies pour le 18 juin.

Un peu partout, des occupations d'appartements vides ou en cours d'expulsion sont organisées, et parfois les banques sont contraintes de reculer. Dans l'enseignement, dans la santé, des mouvements de grève, des manifestations s'organisent spontanément. L'agitation est forte dans les universités.

Toutes ces réactions sont encore sporadiques et souvent éphémères. Mais ce sont autant de motifs d'espoir pour qu'un mouvement d'ensemble, une riposte ouvrière s'organise et contraigne à reculer banquiers, patronat et gouvernements.

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