De l'UMP au Front national : Des « valeurs communes » dignes du caniveau13/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2289.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Élections législatives

De l'UMP au Front national : Des « valeurs communes » dignes du caniveau

L'UMP, par la bouche de Jean-François Copé, a eu beau affirmer au lendemain du 10 juin qu'il « n'était pas question d'appeler à voter pour le Front national » au second tour dans les circonscriptions où ce dernier est opposé à un candidat de gauche, cela n'empêche pas plusieurs de ses candidats ou des dirigeants de l'UMP de le faire plus ou moins explicitement.

À Marseille, le candidat UMP, Roland Chassain, arrivé en troisième position, a décidé de se retirer au profit de la candidate FN : « Tous contre Michel Vauzelle » (PS), a-t-il déclaré le 11 juin. Réciproquement, Nadine Morano, en Meurthe-et-Moselle, a fait appel le soir du 10 juin aux électeurs du FN pour la soutenir au second tour, au nom de « valeurs communes » avec ce parti, contredisant sans état d'âme les propos tenus par Fillon, Dati ou Juppé.

Dans l'ex-majorité, les candidats ne sont pas les seuls à s'accrocher aux basques du Front national pour tenter de s'assurer une survie politique. Il y a beau temps que les plus à droite des dirigeants de l'UMP non seulement se retrouvent dans les propos du Front national mais s'en font les propagateurs. À commencer par Hortefeux et Guéant dans la croisade qu'ils ont menée en tant que ministres de l'Intérieur contre les immigrés ; mais aussi Gérard Longuet, transfuge de l'extrême droite, qui se justifie en disant que « la fille n'est pas le père »; ou Eric Raoult qui, ne ratant pas une occasion d'émettre des énormités, affirme qu'il ne pense pas que le FN soit « dangereux pour la démocratie ». La liste est loin d'être close, tant les sensibilités sont proches entre ces deux partis et les allers-retours fréquents, au gré des succès ou des insuccès électoraux. Et Marine Le Pen ne s'y trompe pas, elle qui a renvoyé la balle en demandant à l'une de ses candidates de se démettre pour ne pas gêner l'élection de candidats UMP qui ont l'heur de plaire au FN. Une seconde candidate se retire aussi, à Carpentras, contre l'avis de sa présidente, semble-t-il.

Lors de l'élection présidentielle, Sarkozy avait tenté de réitérer l'opération qui lui avait réussi en 2007, lorsqu'il était parvenu à drainer vers lui une partie des électeurs du Front national en reprenant à son compte ses thèmes les plus odieux contre les immigrés et les chômeurs, qualifiés « d'assistés », et aussi contre les travailleurs prétendument privilégiés sous prétexte qu'ils avaient encore quelques garanties d'emploi ou de salaire. Pendant cinq ans, Sarkozy et les responsables de l'UMP ont tenu un langage de plus en plus semblable à celui du FN dans l'espoir d'attirer les voix des électeurs les plus réactionnaires. Ils n'ont pas eu à forcer beaucoup leur nature, tant la frontière est floue entre les deux formations sur le plan des « valeurs » -- si l'on peut parler ainsi quand il s'agit de ragots de bas étage qui composent leurs discours politiques !

L'opération séduction de Sarkozy n'a pas réussi cette année et a au contraire servi de marchepied à Le Pen et son parti. Du coup, certains rats en sont à se demander s'il n'est pas temps pour eux de gagner le navire voisin...

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