3 Suisses -- Roubaix : Face au plan de licenciements, les salariées des boutiques mobilisées13/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2289.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

3 Suisses -- Roubaix : Face au plan de licenciements, les salariées des boutiques mobilisées

En janvier 2012, les 3 Suisses ont fermé les 35 magasins de centre-ville du pays et 149 salariées ont été licenciées. De Paris, Lyon, Saint-Étienne, etc., 70 d'entre elles sont venues jeudi 7 juin devant le conseil des prud'hommes de Roubaix, pour tenter de s'opposer juridiquement à ce plan.

À juste titre, ces travailleuses estiment que les actionnaires des 3 Suisses n'ont aucun droit de les licencier car ils sont riches à milliards. Ce sont en effet les familles Mulliez (dernière estimation : 30 milliards de fortune pour ses 500 membres) et Otto (deuxième famille bourgeoise d'Allemagne).

La direction des 3 Suisses a déclaré qu'elle avait offert un véritable plan de reclassement, mais pour certaines ce plan ne dure que cinq mois ! Comme disait une des salariées : « Et après, c'est le chômage. Et après ? Les Restos du coeur ? »

À leur rassemblement sont venus de nombreux politiques de gauche. Une sénatrice PCF a déploré que la loi contre les licenciements boursiers déposée par le PCF ait été taclée au Sénat. Sans préciser en public que ce sont les sénateurs radicaux de gauche, partenaires du PS et du PCF, qui ont refusé de voter cette loi en février 2012. Pourtant leur proposition de loi était bien prudente, puisque dans leur texte devait « être réputé sans cause réelle et sérieuse le licenciement pour motif économique prononcé par une entreprise qui a distribué des dividendes au titre du dernier exercice comptable ».

Mais deux problèmes se posent concernant cette loi : d'abord de quelle « entreprise » s'agit-il ? Ainsi les 3 Suisses France annoncent des pertes, mais 3 Suisses International -- qui possède 3 Suisses France -- affiche un exercice légèrement positif, et le groupe Otto -- qui possède 3 Suisses International -- annonce des bénéfices, sans indiquer les montants. La justification des 3 Suisses pour ces licenciements est de dire que l'exercice des 3 Suisses France est déficitaire depuis des années... Pourtant, aucun comptable, aucun dirigeant politique n'ignore que dans un même groupe les bénéfices ou les pertes sont transférés d'une entreprise à l'autre en fonction des seuls intérêts des actionnaires.

Ensuite, si une entreprise a accumulé des bénéfices pendant des années, mais annonce une perte la dernière année en cours, elle serait alors en droit de licencier, selon la loi proposée par le PCF ?

La loi contre les licenciements boursiers du PCF veut avoir la couleur et l'odeur d'une loi contre tout licenciement mais, même si elle passait, elle n'empêcherait pas les entreprises, surtout les plus grandes, de trouver un biais légal et de licencier.

Après leur manifestation sur Roubaix, les salariées des boutiques ont rencontré le premier adjoint de Martine Aubry, de Saintignon, qui les a assurées de son soutien, tout en s'étonnant des licenciements alors que de larges subventions publiques avaient été distribuées aux 3 Suisses pour « prendre le tournant du web ». On aimerait savoir à combien s'élèvent ces subventions, déversées depuis des années et qui finissent dans les poches des actionnaires ?

Les salariées des 3 Suisses ont raison de refuser le plan de licenciements, véritable crime social en cette période de crise.

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