Syrie : Après le massacre de Houla - La dictature de Assad et la complicité des grandes puissances30/05/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une-2287.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C163%2C226_crop_detail.png

Dans le monde

Syrie : Après le massacre de Houla - La dictature de Assad et la complicité des grandes puissances

Vendredi 25 mai, 108 personnes, dont 49 enfants et 25 femmes, ont trouvé la mort à Houla, en Syrie. Au nom des Nations-unies, Kofi Hannan s'est dit « horrifié » devant ce massacre et un concert de réprobation a retenti contre le régime syrien qui, comme il en a l'habitude, a reporté la faute sur des « groupes terroristes armés ».

Le Conseil de sécurité de l'ONU, réuni dans l'urgence, a publié une protestation se gardant de dénoncer le régime de Assad afin d'avoir le soutien de la Russie, pour laisser croire que les choses bougeaient et que le régime de Poutine prenait des distances vis-à-vis de Damas. Mais il n'en était rien.

Que s'est-il passé exactement à Houla ? La déclaration de l'ONU établit un lien entre ce massacre et une série de bombardements d'artillerie et de tanks de l'armée du dictateur syrien contre un quartier résidentiel d'Houla. Il semble que l'armée rebelle, l'ASL, aurait ensuite riposté contre deux check-points de l'armée régulière, ce qui aurait entraîné une réaction des milices civiles pro-Assad, les chabiha, qui se seraient attaquées à la population d'un faubourg de Houla, massacrant à l'arme blanche et avec des armes légères ceux qu'ils croisaient. En plus des morts, il y aurait trois cents blessés.

Ces victimes viennent s'ajouter à la longue liste de tous ceux que le régime de Bachar el-Assad a déjà tués, blessés ou arrêtés depuis le début de la révolte, il y a plus d'un an, montrant qu'il entend conserver le pouvoir coûte que coûte.

Mais la politique des grandes puissances n'est guère plus reluisante. Le fameux plan de paix mis en avant par Kofi Hannan qui s'est traduit par le déploiement sur le terrain de trois cents observateurs se révèle chaque jour pour ce qu'il était depuis le début, un leurre et un faux-semblant.

Les grandes puissances montrent du doigt la Russie et la Chine qui soutiennent le régime syrien. Ces deux-là sont simplement moins hypocrites que les grandes puissances occidentales qui, elles aussi, dans le passé, se sont toujours appuyées sur la dictature syrienne pour qu'elle joue sa part dans le maintien de l'ordre impérialiste dans la région. Et, en réalité, comme la Russie et la Chine, les grandes puissances continueraient bien à s'en accommoder.

Mais il leur faut tenir compte de l'opinion publique bouleversée par la répression ouverte du régime. Pour ne plus sembler rester insensibles, comme c'était le cas pendant les premiers mois de répression, les grandes puissances, via l'ONU, ont sorti de leur chapeau un pseudo plan de paix qui n'a arrêté aucun massacre. Et comment pourrait-il en être autrement ? Les observateurs sont trop peu nombreux pour avoir des yeux et des oreilles dans toute la Syrie, ce qu'admettent volontiers ceux qui le mettent en oeuvre. Et des massacres ont même eu lieu en présence d'observateurs !

La presse rapporte un dialogue dans les rues de Homs entre les habitants et les observateurs de l'ONU. Les premiers expliquent qu'ils se font tirer dessus quand ils descendent dans la rue pour manifester. Ce à quoi les observateurs leur répondent : « Vous n'avez qu'à rester chez vous ». Cela indique à quoi ce plan pourrait servir, s'il servait à quelque chose. Non pas à convaincre le régime Assad de désarmer mais plutôt à inviter la population en révolte à baisser les bras, ce qui serait tout bénéfice pour le régime syrien... et les grandes puissances.

La dictature n'a tenu aucun des engagements qui accompagnaient ce plan, tels que ne plus tirer avec des armes lourdes sur les civils ou libérer les prisonniers politiques, sans que cela suscite de réactions significatives des grandes puissances.

Celles-ci préfèrent éviter de reconnaître que ce prétendu « plan de paix » est un fiasco. Effectivement, tant qu'il peut continuer de faire croire que les grandes puissances font des efforts pour éviter la poursuite des massacres, ce paravent leur est utile.

En attendant, la population syrienne continue de payer cher le soutien que les grandes puissances ont accordé à la dictature, et qu'elles continuent de lui accorder dans les faits.

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