Nathalie Arthaud, lundi 28 mai : Mondialisation et internationalisme prolétarien30/05/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une-2287.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C163%2C226_crop_detail.png

La Fête de Lutte Ouvrière

Nathalie Arthaud, lundi 28 mai : Mondialisation et internationalisme prolétarien

Je tiens à saluer aujourd'hui plus spécialement nos camarades venus d'autres pays. (...) Malgré l'éloignement géographique, malgré les conditions différentes dans lesquelles militent les uns et les autres, tous les camarades de ces différentes organisations partagent les mêmes idées et militent sur le terrain du communisme révolutionnaire, de l'internationalisme. (...)

Dans nos prises de position sur les événements d'actualité dans d'autres pays, nous nous posons toujours le problème de ce que pourrait être, ce que devrait être une politique pour le prolétariat dans le pays en question. Et nous ne nous limitons pas à l'expression d'une solidarité. Nous avons par exemple considéré que la révolte dans un certain nombre de pays arabes, en particulier en Tunisie et en Égypte, était l'événement majeur du début de l'année dernière. Mais si les masses, en se mettant en mouvement, ouvrent la voie d'une situation révolutionnaire et d'un changement de société, elles ne font que l'ouvrir.

Le prolétariat peut et doit intervenir dans les périodes de luttes de classe aiguës, pour renforcer sa position au sein de la société. Si le mouvement est assez profond, si la détermination des masses est suffisante, il peut aller bien plus loin, jusqu'à la révolution, jusqu'à la prise du pouvoir par la classe ouvrière. Mais, pour avancer vers la révolution, le prolétariat doit être conscient de ses propres intérêts politiques. Il doit être préparé à se battre pour prendre le pouvoir politique et s'en servir pour prendre la direction de l'économie et de la société.

Or, à peine les masses mises en mouvement en Tunisie et en Égypte, on a vu avec quelle rapidité s'est constituée une sorte de coalition qui allait des petits bourgeois démocrates de ces pays jusqu'aux dirigeants du monde impérialiste, qui se félicitaient d'autant plus bruyamment de la « révolution arabe » qu'ils voulaient l'étouffer avant qu'elle puisse s'approfondir, avant qu'elle mette en cause non seulement Ben Ali et Moubarak, mais aussi l'armée, l'appareil d'État. Et, surtout, avant que les masses pauvres s'en prennent à l'organisation économique qui écrase les ouvriers et les petits paysans de ces pays pour enrichir la classe privilégiée locale et, au-delà, le grand capital impérialiste.

Le prolétariat n'a pas pu jouer pendant ces événements un rôle autonome en Tunisie et en Égypte. Le bilan, au bout d'un an, c'est bien sûr la chute des dictateurs Ben Ali et Moubarak. Mais non seulement les exploités de ces deux pays n'ont pas pu toucher aux inégalités sociales, à la pauvreté, mais les rêves de démocratie eux-mêmes se sont limités à ce qu'à l'élection présidentielle en Égypte, présentée par tout le monde comme l'expression de changements démocratiques, s'affrontent un ex-général, le dernier Premier ministre de Moubarak, et un représentant du mouvement islamiste réactionnaire, les Frères musulmans. Et le comble, c'est que chacun se revendique de la révolution !

Notre internationalisme n'est pas une simple solidarité

Il est basé sur la conviction qu'on ne peut détruire la société capitaliste actuelle et créer une forme d'organisation sociale supérieure, la société communiste, qu'à l'échelle internationale.

Un des aspects les plus pesants du recul réactionnaire est le recul de l'internationalisme, dont était porteur dans le passé le mouvement ouvrier révolutionnaire.

Que n'a-t-on entendu de stupidités réactionnaires à ce propos pendant la campagne de l'élection présidentielle ! Je ne parle même pas des insanités proférées par les duettistes de la droite et de l'extrême droite, mais de tout ce qu'on a entendu sur la démondialisation, le protectionnisme, le repliement national, présentés par certains dirigeants de gauche comme des idées progressistes.

La mondialisation, c'est-à-dire l'intégration y compris des régions les plus reculées de la planète dans l'économie mondiale, la division du travail qui insère les différentes économies nationales dans une économie mondiale unique, constituent le principal facteur de développement de l'humanité. (...) Alors, bien sûr, le maître d'oeuvre et le principal profiteur de cette mondialisation, c'est la classe capitaliste. (...) Le problème n'est pas de supprimer la mondialisation, c'est-à-dire les multiples liens économiques et humains tissés entre les différentes régions du monde depuis des siècles, c'est de supprimer les rapports sociaux capitalistes. (...) La proposition de supprimer la mondialisation est aussi stupide que celle de supprimer la gravitation. L'humanité n'a pas appris à maîtriser le vol en supprimant la gravitation. Elle l'a maîtrisé en l'utilisant. Dénoncer la mondialisation permet à tous ces gens d'éviter de dénoncer le capitalisme et surtout de le combattre.

Quant au protectionnisme, une de ses formes les plus intolérables consiste à prétendre protéger les exploités d'un pays contre les exploités d'un autre. En réalité, il faut se protéger du grand capital qui exploite les uns et les autres.

Alors oui, lorsque le Manifeste communiste affirma, il y plus d'un siècle et demi, sous la plume de Marx et d'Engels, « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous », ce n'était pas une simple prise de position morale ni l'expression de la seule solidarité. C'était une manière d'exprimer que c'est seulement en unissant leurs forces à l'échelle du monde que les travailleurs peuvent combattre efficacement le capitalisme, exproprier la grande bourgeoisie, mettre les moyens de production à la disposition de la collectivité, pour gérer en commun et de manière démocratique les richesses de la planète. (...)

Si je tiens à rappeler à quel point on ne peut être communiste qu'en étant internationaliste, c'est que nous vivons à une époque où toutes les idées fondamentales du mouvement ouvrier révolutionnaire ont été dénaturées, transformées en leur contraire jusqu'à l'absurde. (...)

Mais il y a aussi les barbelés que l'on essaie d'ancrer dans nos têtes en prétendant que la crise, le chômage, les délocalisations sont la faute des travailleurs d'autres pays plus pauvres et que c'est d'eux qu'il faut se défendre. Ou, pire encore peut-être, tenter ici même, en France, d'opposer les travailleurs les uns aux autres en fonction de leurs origines, quand bien même ils vivent dans les mêmes quartiers populaires et travaillent côte à côte sur les mêmes chaînes de production.

Là encore, notre solidarité vis-à-vis des travailleurs immigrés, qu'ils aient ou non des papiers, n'est pas seulement une question de solidarité. Parce que les travailleurs immigrés, c'est une partie de la classe ouvrière, une partie de nous. (...)

Non aux interventions militaires impérialistes !

(...) S'il y a un domaine dans lequel le changement de l'équipe gouvernementale ne représente pas une rupture, c'est bien la politique impérialiste. Hollande a rencontré ses semblables des autres grandes puissances, avec les dossiers préparés sous la présidence de son prédécesseur, par les mêmes services ministériels, par les mêmes hauts fonctionnaires qui, eux, ne sont pas élus.

Que de bruits médiatiques également autour de la décision de Hollande de retirer les troupes françaises d'Afghanistan avant la fin de cette année ! (...)

La seule originalité de Hollande, c'est de se retirer de ce bourbier un peu plus tôt que les Britanniques ou les Américains, mais un peu plus tard que les Canadiens. Et encore ! Il ne s'agit que de rapatrier les seules troupes combattantes !

Même si l'armée française se retire d'Afghanistan, je rappelle qu'elle reste largement présente sur le continent africain. (...) Alors, que valent les discours de l'équipe socialiste sur la fin de la France-Afrique, ce tissu de complicités entre les dirigeants de l'impérialisme français et les dirigeants locaux afin d'assurer à la bourgeoisie française la priorité pour piller ses anciennes colonies d'Afrique ?

Et puis rappelons que, si le PS n'était pas au pouvoir au moment des bombardements de la Libye, il ne s'y est pas opposé non plus. Sarkozy a pu faire bombarder la Libye sous les applaudissements non seulement des dirigeants du PS. Un an après, le bilan de cette intervention contre la Libye est un fiasco. (...)

Eh bien, nous sommes fiers d'avoir été de ceux qui ont manifesté leur opposition aux bombardements de la Libye, dont seuls Dassault et les marchands d'armes ont tiré profit.

Aucune intervention impérialiste n'a jamais apporté un progrès pour le peuple du pays où cette intervention avait lieu. Alors, à bas toutes les interventions impérialistes ! (...)

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