Nathalie Arthaud, dimanche 27 mai : Un programme de lutte pour la classe ouvrière30/05/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une-2287.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C163%2C226_crop_detail.png

La Fête de Lutte Ouvrière

Nathalie Arthaud, dimanche 27 mai : Un programme de lutte pour la classe ouvrière

(...) Il n'y a pas de suspense quant à la politique qui va être menée par le patronat : c'est celle menée depuis que la crise a éclaté, l'aggravation de l'exploitation, avec des licenciements en cascade, des fermetures d'entreprises, le blocage des salaires, la multiplication des petits boulots. (...) L'arrivée de Hollande et de la gauche au pouvoir ne doit pas nous tromper. Il faut nous préparer à nous défendre. Non, il n'est pas question d'accepter d'être sacrifiés sur l'autel de la crise et des profits.

Seule une politique contraignante sur le patronat peut protéger les travailleurs

(...) Pour sauvegarder les conditions de vie des classes populaires, il faut faire payer les plus riches. Il faut affronter le patronat, le faire renoncer à ses plans de fermetures, lui interdire de licencier, le forcer à embaucher. Toutes choses que n'imagine pas le gouvernement Hollande ! (...)

Que ce soit sous la gauche ou sous la droite, les capitalistes, par le pouvoir économique qu'ils détiennent, ont l'appareil d'État, l'administration et les ministres à leur botte. Les patrons, pour les inciter à investir, il faut les séduire, les aider, sûrement pas les contraindre et encore moins les sanctionner.

Voilà comment les patrons peuvent violer impunément les lois sociales. Ces fameuses lois, qui sont votées par les députés que l'on nous demande d'élire dans deux semaines et dont on nous dit qu'elles peuvent changer nos vies, sont piétinées au quotidien.

Combien de travailleurs se retrouvent à faire des heures supplémentaires non payées ? Au lieu d'être exceptionnel, le travail précaire et l'intérim sont devenus la règle. Tout accident dans le cadre du travail doit être déclaré en accident du travail : combien le sont ? Une loi oblige les entreprises à embaucher 6 % de salariés handicapés : même les entreprises publiques ne l'appliquent pas.

(...) Eh bien, puisque les patrons imposent leur loi, il revient aux travailleurs de se battre pour imposer les leurs ! Mais cela ne se passe pas dans les couloirs feutrés de l'Assemblée nationale, mais dans les entreprises et dans la rue. Pas avec le bulletin de vote, mais avec les grèves et les manifestations.

Le gâchis de la société capitaliste

(...) Les crises de l'économie capitaliste constituent la démonstration que la bourgeoisie est absolument incapable de gérer l'économie pour le bien de la collectivité.

Depuis bientôt quarante ans, les profits les plus rapides et les plus lucratifs se font dans la finance. (...) L'activité normale consiste à jouer à la spéculation des sommes telles qu'en un clic de souris un seul trader peut perdre deux milliards de dollars, comme c'est le cas de ce trader de la banque JP Morgan. Parce que, dans cette société capitaliste, faire de l'argent le plus vite possible n'est pas un crime, c'est la vertu suprême. Quand bien même cela conduit à un gâchis effroyable, quand bien même toute l'économie peut en être ruinée !

À l'image de la noblesse arrivée en fin de règne en 1789, et qui vivait sur ses privilèges à l'ombre de la cour royale, la bourgeoisie est devenue parasitaire, économiquement inutile et un obstacle au progrès et au développement.

Pour contrôler l'économie et pour que l'humanité reprenne en main son avenir, il faut exproprier la bourgeoisie ! Il faut faire une nouvelle révolution sociale.

Oui, nous sommes communistes ! Communistes dans le vrai sens du terme. Dans le sens donné par des générations d'ouvriers qui rêvaient d'une société débarrassée de la dictature de l'argent, de l'exploitation, de la concurrence et des crises. Une société gérée fraternellement et démocratiquement par la collectivité de ceux qui travaillent et produisent.

Si nous nous adressons aux travailleurs et si nous voulons représenter leurs intérêts, ce n'est pas seulement parce que nous choisissons de nous placer du côté des opprimés et des plus pauvres. C'est aussi parce que nous sommes convaincus qu'à travers la lutte de classe qui les oppose aux capitalistes les travailleurs seront capables de conquérir le pouvoir politique et de s'en servir pour transformer de fond en comble la société et la refonder sur des bases collectives. (...)

Les propriétaires, les actionnaires ne dirigent pas parce qu'ils sont compétents, mais parce qu'ils possèdent des capitaux. Voilà pourquoi la société fonctionne à l'envers. Eh bien, les travailleurs ont la capacité de diriger cette société, et ils le feront mille fois mieux, parce qu'ils ne seront pas aveuglés par le profit et la rentabilité ! Alors oui, nous plaçons notre confiance dans la classe ouvrière, dont Marx avait dit, le premier, qu'elle n'avait que ses chaînes à perdre et le monde à gagner !

Un parti communiste révolutionnaire, une nécessité

Aujourd'hui, cette perspective paraît utopique à l'immense majorité. Et pour cause : la solidarité collective est difficile à construire pour se défendre au quotidien.

Si depuis tant d'années la classe ouvrière recule devant l'offensive de la bourgeoisie, c'est en raison de la situation objective, de la crise économique et du chômage qui isole et divise les travailleurs. Mais c'est aussi parce qu'il manque un parti représentant leurs intérêts de classe.

Le mouvement ouvrier s'est donné dans le passé avec le Parti socialiste d'abord, le Parti communiste ensuite, de vrais partis, avec des militants présents à l'échelle du pays, dans la plupart des entreprises et des quartiers populaires. (...) Cet acquis politique et militant a été dilapidé.

Le PS puis le PC ont fini par remplacer le drapeau rouge par le drapeau français, l'Internationale par la Marseillaise. En abandonnant les références de classe, ils ont laissé nombre de travailleurs déboussolés et sans repère. Ils ont laissé le champ libre dans les classes populaires aux idées nationalistes et à la démagogie anti-immigrés.

Alors que le mouvement ouvrier politique des débuts du socialisme rejetait toute idée de participation gouvernementale, cette participation est devenue l'objectif ultime du Parti socialiste d'abord, puis du Parti communiste, quand bien même les gouvernements de la bourgeoisie ne laissent pas d'autre choix à ceux qui en font partie que d'être, pour reprendre l'expression d'un dirigeant socialiste, « les gérants loyaux du capitalisme ».

Dans des périodes où l'économie capitaliste est en expansion, la contradiction entre l'intérêt des travailleurs et la participation gouvernementale ne saute pas nécessairement aux yeux. Mais, dans des périodes de crise, servir la bourgeoisie au gouvernement signifie clairement s'en prendre aux intérêts des travailleurs. C'est ce qui s'est passé quand Mitterrand a dû prendre le tournant de la rigueur, bloquer les salaires et licencier dans la sidérurgie. C'est ce qui s'est passé sous Jospin, qui a plus privatisé que les deux gouvernements de droite qui l'ont précédé. (...)

Si la crise s'approfondit, il ne faut pas laisser aux partis de droite ou d'extrême droite la possibilité de mettre la révolte de l'une ou l'autre des catégories populaires au service de leurs projets réactionnaires. Les communistes révolutionnaires doivent être présents et se battre pour donner à ces luttes la seule orientation positive : la lutte de classe.

Pour que les coups de colère se transforment en révoltes conscientes, il faut que les travailleurs aient une politique, qu'ils sachent pour quoi se battre, pour quels objectifs. L'existence d'un parti, riche des expériences de l'ensemble du mouvement ouvrier et présent à l'échelle du pays, manque aujourd'hui cruellement. Il faut oeuvrer pour qu'il renaisse au plus vite. (...)

Le sens de la participation de Lutte Ouvrière aux élections législatives

En participant à l'élection présidentielle, nous avons affirmé l'existence d'un courant communiste révolutionnaire. Nous avons montré qu'il y a dans le pays des femmes et des hommes qui ne craignent pas d'être à contre-courant et qui tiennent avant tout à défendre leur idéal communiste. Les élections législatives nous donnent une nouvelle opportunité de nous faire entendre à l'échelle du pays. Lutte Ouvrière présente des candidats partout dans le pays.

L'avenir des travailleurs ne se décide pas dans les couloirs feutrés du Palais Bourbon, mais dans ceux des conseils d'administration des groupes industriels et financiers. Alors, nous nous présentons pour défendre un programme de lutte car, quelle que soit la future Assemblée, les travailleurs auront à se battre pour imposer leurs intérêts vitaux.

Face aux plans de licenciements qui se multiplient, il faut interdire les licenciements et répartir le travail entre tous, sans diminution de salaire.

Il manque du personnel dans les écoles, dans les hôpitaux, dans les transports. Il faut créer des emplois en procédant à de grands travaux, comme la construction de logements sociaux. Au lieu d'être aspirés par la spéculation, les profits des groupes capitalistes comme les revenus des gros actionnaires doivent servir à financer ces emplois.

Le droit à un emploi, avec un salaire permettant de vivre correctement, est le seul véritable droit des travailleurs dans cette société d'exploitation. Il faut se battre pour l'imposer.

Il faut aussi obtenir une augmentation générale des salaires et des retraites, indexés automatiquement sur les hausses de prix pour faire face aux coûts de plus en plus importants de la santé, du carburant, des charges. Qu'en 2012 il apparaisse utopique de porter le smic à 1 700 euros, alors que des milliards inutiles s'accumulent à un pôle de la société, montre toute l'absurdité du capitalisme !

Pour se protéger des mauvais coups des capitalistes, il faut imposer un contrôle des entreprises par les travailleurs et par la population, en exigeant la suppression du secret industriel. On pourrait ainsi voir où va l'argent et contester les décisions avant qu'il ne soit trop tard.

Pour affirmer votre accord avec ce programme de lutte, votez pour les candidats de Lutte Ouvrière !

Tous ceux qui approuvent ces revendications et souhaitent qu'elles soient mises en tête des futures luttes du monde du travail, et qui l'ont montré lors de l'élection présidentielle en votant pour ma candidature, doivent prolonger ce vote par un vote en faveur des candidats de Lutte Ouvrière.

Mais je sais aussi que nombre de travailleurs qui étaient d'accord avec ces revendications ont fait le choix de voter Hollande, pour se débarrasser de Sarkozy.

Eh bien, aujourd'hui, ce vote utile n'a plus lieu d'être. Ceux qui partagent les objectifs que nous défendons doivent voter selon leurs convictions. Plus ces votes seront nombreux, plus cela donnera de la force et du crédit à des idées qui sont les seules susceptibles de préparer l'avenir pour les travailleurs.

Hollande élu, il faut que les travailleurs se manifestent, qu'ils expriment leurs intérêts de classe, qu'ils mettent en avant leurs revendications, qu'ils montrent qu'ils ne se laisseront pas faire.

Tous ceux qui pensent que l'avenir du monde du travail n'est pas au fond des urnes, mais qu'il est dans la capacité des travailleurs à renouer avec des mobilisations puissantes semblables à celles de Mai 1968 ou de Juin 36, doivent l'exprimer par leur vote. Tous ceux qui se reconnaissent dans les idées communistes et souhaitent que renaisse un parti pour les incarner doivent l'affirmer.

Alors, aux élections législatives, votez et faites voter pour les candidats de Lutte Ouvrière ! (...)

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