Le parcours d'un milliardaire : De l'amiante au développement durable16/05/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/05/une2285.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le parcours d'un milliardaire : De l'amiante au développement durable

Le milliardaire suisse Stephan Schmidheiny a été invité à participer à une conférence des Nations unies sur le développement durable qui doit se tenir en juin au Brésil.

En 1992 déjà, l'ONU avait invité au Sommet de Rio cet homme d'affaires qui se présente comme un « philanthrope » oeuvrant à « protéger et régénérer l'environnement », à « sauvegarder les options pour les générations futures », dans un respect de la « dignité humaine » et de la « responsabilité sociale » des entreprises dont les activités doivent avoir une « dimension éthique ». Pour se faire valoir, Schmidheiny met en avant les diverses fondations qu'il a créées et dont le but affiché est d'aider les peuples à sortir de la pauvreté par le biais du développement durable.

Il est beaucoup plus discret, en revanche, sur son passé à la tête du groupe suisse Eternit, spécialisé dans le traitement de l'amiante, en même temps qu'il était un important actionnaire d'Eternit Italie qui, jusqu'à leur fermeture en 1986, possédait quatre usines dans ce pays. À ce titre, il a été condamné en février dernier par un tribunal de Turin à seize ans de prison, ainsi que l'autre administrateur, le baron belge Jean-Louis de Cartier de Marchienne, pour leur responsabilité dans la mort de près de 3 000 habitants de la ville de Casale Monferrato « par omission intentionnelle des règles de sécurité ».

Alors que, depuis les années soixante, l'amiante est reconnue comme cancérogène et qu'il suffit parfois qu'une seule fibre pénètre dans les poumons pour déclencher un mésothéliome, à Casale Monferrato, dans le Piémont, les aérateurs de l'usine la répandent sur toute la ville. Des plaques d'amiante dallaient les routes et servaient à la construction des maisons. Des femmes qui lavaient les bleus de leurs maris, des enfants qui jouaient dans cette poussière en sont morts. Maintenant encore, une cinquantaine de personnes décèdent chaque année du cancer de la plèvre, dont les deux tiers n'ont jamais travaillé à l'usine. Et ce n'est pas fini, puisque le pic de décès dus à l'amiante est prévu pour 2020. Près de trente-cinq ans après la fermeture de l'usine, le site reste encore pollué, Eternit n'ayant rien fait ni payé, pour son désamiantage.

Voilà les « philanthropes » et les « experts en développement durable » que cette société sécrète et valorise.

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