Institutions européennes et industriels : Au service des trusts16/05/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/05/une2285.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Institutions européennes et industriels : Au service des trusts

Est-ce un effet collatéral du scandale du mediator ? Les élus européens semblent désormais s'intéresser aux liaisons douteuses et parfois dangereuses que l'industrie entretient avec les institutions chargées en principe de la contrôler. Le parlement européen a refusé d'approuver la gestion de trois agences européennes en 2010, dont l'autorité européenne de sécurité des aliments et l'agence européenne du médicament. Dans les deux cas, ce qui était en cause est la collusion avec les industriels du secteur concerné.

La veille de ce vote, la présidente du conseil d'administration de l'Autorité de sécurité des aliments, organisme qui dépend de ce parlement et qui est chargé de contrôler les agissements des groupes de l'industrie alimentaire à l'échelle de l'Europe, Mme Banati, démissionnait. Elle devenait directrice exécutive pour l'Europe de l'Institut international des sciences de la vie (ILSI), c'est-à-dire d'un lobby qui regroupe les principaux industriels de l'agroalimentaire, de la chimie et de la pharmacie : PepsiCo, Monsanto, Unilever, BASF, Bayer, Nestlé, etc.

En fait, il y a longtemps que Mme Banati émargeait à l'ILSI et siégeait à son conseil de direction. On parle maintenant de conflit d'intérêts, mais pour cette fonctionnaire européenne il n'y avait aucun conflit : ce qu'elle défendait dans l'Autorité de sécurité des aliments, c'était exclusivement les intérêts de ces trusts privés milliardaires.

Mais pour une Mme Banati qui, de son plein gré ou plus probablement pour prendre de vitesse le scandale, démissionne de sa charge, combien de hauts fonctionnaires continuent d'accomplir cette fonction consistant à faire passer les intérêts des trusts pour l'intérêt général, en leur donnant la sanction des institutions les plus respectables ? Cela se fait le plus naturellement du monde. Lorsque les parlementaires européens disent que « l'évaluation des produits ne devrait pas reposer seulement sur les données fournies par le secteur » industriel concerné, ils reconnaissent que c'est là la pratique courante.

Dans ce système, toutes les institutions qui s'affirment indépendantes, au-dessus des intérêts privés et au service de la seule collectivité, sont en fait au service de la classe capitaliste. Le scandale, c'est seulement quand cela se voit.

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