Grèce : Gouvernement ou pas, les banques continuent leur pillage16/05/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/05/une2285.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : Gouvernement ou pas, les banques continuent leur pillage

Face à la crise politique grecque consécutive aux élections du 6 mai, l'Union européenne et le FMI ont annoncé qu'ils conditionnaient le versement des 130 milliards d'euros, promis dans le dernier plan d'aide, à la formation d'un gouvernement qui s'engagerait à appliquer le plan d'austérité qu'ils ont imposé au pays.

Cette condition est loin d'être réunie, toutes les tentatives pour constituer un gouvernement ayant échoué et la population ayant, dans sa majorité, exprimé son refus de l'austérité. Les créanciers de la Grèce ont pourtant accepté de desserrer les cordons de la bourse. Le 10 mai, le Fonds européen de stabilité financière (FESF), organisme créé selon les termes officiels pour venir au secours des États de la zone euro en difficultés financières, annonçait que, gouvernement ou pas, il débloquait 4,2 milliards d'euros de prêts, sur les 5,5 milliards promis à la Grèce à cette date.

En fait, l'explication n'est pas à chercher dans le souci de venir en aide à l'État ou à la population grecs mais, comme l'exprimait une « source gouvernementale d'un État noté triple A » citée par l'AFP, dans « une prise de conscience du fait que ne pas payer, c'est se tirer une balle dans le pied, car c'est de l'argent qui profite aux créanciers, donc à nous tous ».

Pour que les choses soient claires, le communiqué du FESF annonçant le déblocage des fonds précisait que les 4,2 milliards versés « iront sur un compte spécialement réservé au paiement du service de la dette grecque », c'est-à-dire au paiement des intérêts sur les milliards d'euros de prêts qui, après comme avant le prétendu effacement d'une partie de la dette, continuent à courir.

Ni l'État grec ni les Grecs, qui manquent de tout et s'enfoncent dans le chômage et la misère, ne verront donc la couleur de cet argent. Ces milliards sont autant de nouveaux prêts qui viendront gonfler la dette de l'État grec et ils vont arroser directement les banques et les organismes financiers qui vivent de cette dette et spéculent sur elle. Lundi 14 mai, l'État grec a remboursé ainsi rubis sur l'ongle à des banques pour 450 millions d'euros d'obligations venues à échéance.

L'argent prêté par le Fonds européen de stabilité financière servira aussi à rembourser 3,3 milliards d'euros de prêts de la Banque centrale européenne (BCE) qui viennent à échéance. L'argent passe donc des coffres du FESF à ceux de la BCE et ne fait que transiter par la Grèce, qui n'en verra pas la couleur. Un prêt chasse l'autre et la dette nourrit la dette, pour le plus grand bénéfice des banquiers et des spéculateurs.

C'est cette mainmise des banquiers sur toutes les ressources de l'économie, cette mise au pillage scandaleuse qui se nourrit de l'endettement des États, que la population grecque refuse, à juste titre.

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