Les travailleurs européens sous le joug de l'austérité26/04/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/04/une2282.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les travailleurs européens sous le joug de l'austérité

Sous prétexte de permettre aux États de rembourser les dettes qu'ils ont contractées auprès des banques -- en grande partie pour leur sauver la mise après la crise financière de 2008 -- les plans d'austérité se sont multipliés en Europe. Ce sont les banques qui encaissent, mais ce sont les travailleurs qui payent.

Les travailleurs payent le plus lourd tribut en Grèce, en Irlande, au Portugal surtout, mais aussi, plus récemment, en Italie et en Espagne. Mais aucun État et surtout aucune population n'ont été épargnés et ne sont à l'abri de connaître le même sort.

Les mêmes mesures ont été appliquées pratiquement partout, avec plus ou moins de sévérité, selon les situations, par des gouvernements de gauche comme par des gouvernements de droite : baisse ou gel des salaires et réduction du nombre des fonctionnaires, augmentations de la TVA, autrement dit de l'impôt qui pèse le plus lourdement sur les couches populaires, recul de l'âge légal du départ à la retraite, augmentation du coût de la santé, etc. Pas besoin pour cela de plan d'austérité en bonne et due forme. En France, l'austérité pour les populations n'a pas commencé avec les deux plans Fillon dits de rigueur de 2011.

Sous une forme ou sous une autre, aucun État européen et surtout aucune population n'y échappent. Résultat, les banques ont continué à percevoir les intérêts de leurs prêts, mais les économies européennes se sont enfoncées dans la récession et les populations dans le chômage et la pauvreté. De ce fait, le déficit des budgets publics et le taux d'endettement des États, loin de se réduire -- ce qui était, sinon le but, du moins le prétexte des mesures d'austérité -- continuent à croître.

Aujourd'hui, avec l'aggravation récente et rapide de la récession qui touche désormais la quasi-totalité des États européens -- y compris ceux qui, comme les Pays-Bas, paraissaient jusque-là y avoir échappé -- un certain nombre d'économistes, relayés par la presse, font mine de s'inquiéter et appellent... à « limiter la brutalité des plans de rigueur ». « Par cette politique d'austérité généralisée, la crise ne sera pas résolue, mais aggravée », concluent par exemple les auteurs d'une étude récente de l'Observatoire français des conjonctures européennes (OFCE). « On s'obstine pour des raisons politiques à chasser des objectifs qui nous échappent. Personne n'y croit, personne ne le souhaite. Mais on y va quand même », explique pour sa part un professeur d'économie cité par Le Monde du 21 avril.

Mais, en fait de raisons politiques, cette « politique d'austérité généralisée » n'est rien d'autre que la lutte menée par les classes riches, par la bourgeoisie de la finance et de l'industrie, soutenue par les gouvernements de gauche comme de droite, pour faire payer leur crise aux classes pauvres, aux travailleurs, et continuer à s'enrichir, malgré la crise, et même grâce à la crise.

Cette véritable guerre sociale, cette politique mènent à la catastrophe ? Capitalistes et gouvernements le savent, mais ils y vont quand même. Même au risque de provoquer « une explosion sociale sur fond d'aggravation du chômage », comme un économiste de banque, cité par Le Monde, le dit lui-même.

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