Fraude fiscale : Seillière pris la main dans le sac26/04/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/04/une2282.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fraude fiscale : Seillière pris la main dans le sac

Invité il y a peu à France Inter, le baron Seillière, héritier de l'empire Wendel, s'était vanté de payer ses impôts en France. Or le fisc s'apprête à le poursuivre en correctionnelle, lui et treize autres cadres ou anciens cadres du groupe, pour... fraude fiscale.

« L'administration considère que vous vous êtes volontairement soustrait à l'établissement et au paiement partiel de l'impôt sur le revenu 2007 », affirme le courrier de la Commission des infractions fiscales (CIF). « Ces griefs sont susceptibles de motiver le dépôt d'une plainte pénale », conclut la lettre. La décision appartiendra au prochain ministre du Budget.

L'affaire remonte à 2007, quand le baron Seillière et son bras droit de l'époque, le financier Jean-Bernard Lafonta, ont proposé à leurs cadres dirigeants de participer à un montage financier destiné à « améliorer leurs revenus ». Notons que parmi ces cadres on trouvait une certaine Christine Dutreil, alors chargée de communication de la maison Wendel, mais aussi épouse de l'ancien ministre des PME et du Commerce. Les liens qui unissent ministres et patrons sont souvent étroits... En tout cas, c'est ce montage financier qui a été jugé frauduleux par le fisc, sa seule finalité étant d'échapper à l'impôt.

Au total, Seillière et ses cadres devraient au fisc 200 millions d'euros. « À ce stade, le fisc nous réclame, tout compris, environ 60 % de ce que l'on a gagné », a déclaré un des cadres. Soit, pour Seillière, qui a empoché 65 millions d'euros, près de 40 millions. Jean-Bernard Lafonta, qui avait gagné 150 millions, a reçu une première addition fiscale de 77 millions. Notons que, même avec un tel redressement, il reste une belle somme à chacun. Le baron Seillière, par exemple, garderait dans ce cas 25 millions d'euros, ce qui représente tout de même 2 000 années de salaire d'un travailleur payé au smic.

Le code général des impôts prévoit dans ce cas 37 500 euros d'amende et cinq ans d'emprisonnement. Mais, interrogé sur cette poursuite au pénal pour fraude fiscale, l'héritier de l'empire Wendel et ex-patron des patrons français, Ernest-Antoine Seillière, a déclaré : « Je n'ai pas de commentaire à faire, c'est une histoire du domaine privé. Il y a un rituel et nous sommes dans le rituel, je n'ai rien d'autre à dire. » Une affaire privée, pas vraiment ! Quant au fait que Seillière considère la poursuite par le fisc comme un « rituel », cela montre tout le cynisme d'un patron convaincu, et pour cause, qu'il est au-dessus des lois.

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