Enquête sur la concurrence : Les patrons ont l'échelle mobile des profits29/03/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/03/une2278.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Enquête sur la concurrence : Les patrons ont l'échelle mobile des profits

Huit grands groupes de l'industrie du lait, dont Senoble, Novandie (Mamie Nova, Andros), Lactalis, 3 A... sont sous le coup d'une enquête de l'Autorité de la concurrence, avec perquisitions à la clé, pour entente sur les prix. Elle les soupçonne notamment de refuser, sous prétexte de prix insuffisant à leur goût, de fabriquer des yaourts et du fromage blanc sous des marques de distributeurs.

« Les produits laitiers sont nos amis pour la vie », serine la publicité des capitalistes du secteur, qui aimeraient se faire passer pour des amis des consommateurs. Leur marge brute représente pourtant en moyenne 48 % du prix d'un pot de yaourt vendu en grande surface. C'est trois fois plus que celle des producteurs de lait qu'ils étranglent. Et si, crise ou pas, les ventes de yaourts et fromages frais (5 milliards d'euros en 2011) ont encore progressé de 2,5 % en un an, les profits des industriels du secteur augmentent bien plus.

Ces derniers temps, d'autres secteurs se sont retrouvés sur la sellette pour la même raison. Les principaux producteurs de farine français viennent d'écoper de 242,4 millions d'amende. Finalement, c'est peu, car cela fait quarante ans qu'ils s'entendent pour limiter la production, se répartir la clientèle et fixer les prix, et même pour éviter de se faire concurrence avec leurs comparses allemands. Ce même mois de mars, les trois géants mondiaux de l'alimentation animale (Nestlé, Mars, Colgate-Palmolive) ont été condamnés respectivement à 19 millions, 11,6 millions et 4,7 millions d'euros d'amende pour entente sur les prix et contrôle du marché. Toujours en mars, les producteurs français d'endives, les premiers au monde avec 135 millions de vente rien qu'en France, ont été condamnés pour une entente illégale qui durait depuis quatorze ans.

On pourrait ajouter les industriels de la parfumerie (LVMH, L'Oréal, Marionnaud, Chanel), condamnés en appel en janvier, pour un motif analogue. Ou encore les lessiviers : en décembre dernier, Unilever, Procter & Gamble, Henkel, Colgate-Palmolive - encore lui - en ont pris pour 361,3 millions d'euros d'amende pour entente sur les prix et les promotions. Mais Unilever, qui avait dénoncé les autres, a été exempté de sanction. Et rappelons que le trio de la téléphonie mobile (Bouygues, SFR, Orange) a été condamné pour cartel et abus de position dominante à 534 millions d'amende en 2005 - leurs victimes, leurs abonnés, eux, n'ont eu droit à rien.

De telles ententes entre capitalistes sur le dos des consommateurs sont monnaie courante, même si elles viennent rarement sur la place publique, et encore souvent faut-il alors qu'un concurrent s'estimant lésé ait dénoncé l'affaire (ce serait à nouveau le cas pour les yaourtiers trop gourmands).

Industriels, distributeurs, producteurs savent, bien sûr, qu'ils peuvent se faire pincer, voire être condamnés. Mais cela fait partie des faux frais qu'ils répercutent sur leurs prix, en sus du reste, pour maintenir et augmenter leurs profits.

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