Contrôler les comptes du patronat : C'est nécessaire et c'est possible29/03/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/03/une2278.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Contrôler les comptes du patronat : C'est nécessaire et c'est possible

L'obscurité du fonctionnement du système capitaliste est évidemment délibérée. Le secret des affaires, le secret commercial, la protection des fortunes privées, le secret bancaire, voire le secret défense sous lequel s'abritent bien des transactions financières, sont nécessaires à l'accumulation des profits.

Bien sûr, la loi fait obligation aux entreprises de publier un certain nombre de chiffres. Mais l'essentiel n'y est pas.

Il a fallu par exemple qu'un cadre, resté anonyme, du groupe PSA fasse parvenir une note interne de l'entreprise au syndicat CGT, pour que les travailleurs apprennent que le groupe, pourtant bénéficiaire, prévoyait des fermetures de sites. De même il a fallu que les travailleurs de Toyota, à Valenciennes, démontent le circuit de commercialisation de la Yaris pour prouver que, contrairement à ce que disait la direction, l'usine n'était pas déficitaire. Les producteurs de fruits et légumes aussi démontrent régulièrement, en venant proposer directement leurs produits sur les parkings des hypermarchés, que les profits de la grande distribution sont sans commune mesure avec le service qu'elle prétend rendre.

Ces exemples, et bien d'autres, montrent que les chiffres de l'économie ne sont pas les mêmes suivant qu'on se place du point de vue des travailleurs ou de celui des capitalistes, suivant que l'on défend les emplois ou les profits. La divulgation des projets de PSA, comme celle de la façon dont Toyota ou Carrefour obtiennent leurs marges, a renforcé les travailleurs de ces entreprises. Le contrôle de tous les comptes, de tous les circuits, la publicité de toutes les fortunes serait indispensable. On verrait alors clairement par exemple que les licenciements ne sont jamais une « nécessité », mais toujours un choix fait en vue de maintenir ou d'accroître les profits.

Ce contrôle est à portée de main, car ce sont bien évidemment des travailleurs qui tiennent les livres de comptes, qui tapent le courrier, qui font les achats et qui savent quand, comment et à quel prix se fabriquent les marchandises. Ce sont eux aussi qui les stockent, qui les transportent et qui les mettent en vente. Si la société actuelle, caractérisée par l'anarchie de la production, la lutte de tous contre tous, la recherche du profit individuel, fonctionne quand même tant bien que mal, c'est bien parce qu'il y a partout des travailleurs à la manoeuvre. Qui mieux que les travailleurs eux-mêmes peut savoir où se nichent les profits indus et les économies criminelles, les procédés dangereux et les vols manifestes ?

Un contrôle des comptes des patrons par les travailleurs serait une étape pour contester leur dictature. Et si cet objectif fait partie de ceux mis en avant par Nathalie Arthaud dans sa campagne, c'est bien parce qu'il devrait être l'un des objectifs des travailleurs dans leurs luttes prochaines.

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