Eternit à Casale Monferrato : L'usine du cancer16/02/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/02/une2272.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Eternit à Casale Monferrato : L'usine du cancer

L'entreprise Eternit avait quatre usines en Italie : à Casale Monferrato et à Cavagnolo, au Piémont, à Reggio d'Émilie et à Naples. L'usine de Casale, ouverte en 1907, est restée active jusqu'en 1986, et bien qu'une loi de 1992 ait reconnu les risques pour la santé de la poudre d'amiante en prohibant tous les produits contenant cette substance, ce n'est qu'en 1994 que son utilisation a été définitivement interdite en Italie.

Que la poudre d'amiante provoque le mésothéliome de la plèvre, une forme de cancer incurable qui condamne irrémédiablement à la mort, cela était bien connu déjà depuis les années 60. Pendant trente ans donc, sans aucune autre justification que de maintenir les profits, on a continué à produire une matière potentiellement mortelle aussi bien dans sa production que dans son utilisation.

La première victime reconnue d'Eternit à Casale Monferrato remonte à 1947. On compte déjà 2 800 morts, dont 84 ces deux dernières années pour mésothéliome. Et très probablement bien d'autres continueront à tomber malades et à mourir car le temps d'incubation de la maladie peut atteindre trente ans.

À Casale la situation est encore plus grave : l'établissement répandait la poudre d'amiante aux alentours à travers ses aérateurs. On utilisait l'amiante y compris pour le revêtement des routes et même les enfants allaient jouer sur des tas de cette subtile poussière. Or on sait qu'il suffit qu'une seule fibre d'amiante pénètre dans le poumon pour que la maladie puisse se développer. Ainsi sont mortes des femmes d'ouvriers qui avaient lavé leurs bleus de travail, leurs enfants et petits-enfants qui avaient respiré cette poudre. Et aujourd'hui à Casale et aux alentours il traîne encore un million de mètres carrés de dalles d'Eternit qu'il faudrait traiter. La ville qui de 1907 à 1986 avait pensé vivre grâce à l'usine ne savait pas que celle-ci l'empoisonnait.

Ceux qui ont exploité le travail et la vie des ouvriers, mais aussi le territoire et ses habitants, ont tenté jusqu'à il y a vingt ans de cacher la vérité, et aujourd'hui voudraient n'en pas payer les conséquences. Peu avant le procès, les patrons d'Eternit ont cherché à obtenir de la ville de Casale l'abandon de sa constitution de partie civile, trouvant même l'oreille favorable du conseil municipal à majorité PDL, le parti de Berlusconi, en échange de la promesse d'une indemnisation de 18 millions d'euros. Mais rien ne pourra réparer toutes ces morts, celles qui ont eu lieu comme celles à venir.

(extrait de l'Internazionale - UCI Italie)

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