Prix de l'électricité : Il n'y a pas de raison que les tarifs augmentent08/02/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/02/une2271.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Prix de l'électricité : Il n'y a pas de raison que les tarifs augmentent

À chaque fois que les questions de l'éléctricité sont récemment venues sur le devant de l'actualité, la conclusion affirmée ou suggérée était la même : il faut une augmentation des tarifs. Répétée à satiété, cette affirmation va évidemment dans le sens d'une campagne des autorités et des médias pour présenter comme une évidence ce qui n'en est pas une.

Le 17 janvier, le président de la Commission de régulation de l'énergie a estimé que, si la réglementation ne changeait pas, les tarifs de l'électricité pourraient augmenter de 30 % en cinq ans, d'ici 2016... ce que le ministre de l'Économie a toutefois contesté.

Le 31 janvier, la Cour des comptes publiait un rapport sur les « vrais » coûts du nucléaire, qui a conduit certains médias (et les écologistes) à dire que le « mythe du nucléaire bon marché s'effondrait » alors que le ministre, lui, y voyait exactement l'inverse, à savoir que c'était « le mythe du coût caché du nucléaire qui s'effondrait ».

Mais le ministre a quand même admis qu'il y aurait une augmentation des prix, « raisonnable » selon lui. Reste à savoir quel sera le montant de ce « raisonnable ».

La Cour des comptes évalue à 228 milliards d'euros la totalité des dépenses passées pour le nucléaire, dont la très grosse majorité a été payée par les usagers, l'État n'étant intervenu que pour financer en partie la recherche. La construction des centrales, à elle seule, a coûté 96 milliards d'euros, intégralement payés par les consommateurs.

Les frais de prolongement de la durée de vie des centrales au-delà de quarante ans sont évalués à quarante milliards, à quoi s'ajoutent une dizaine de milliards, voire une quinzaine, pour mettre les centrales aux normes définies par l'Autorité de sûreté nucléaire, à la suite de la catastrophe de Fukushima. C'est certes beaucoup, mais nettement moins tout de même que ce qu'il en a coûté pour construire les centrales.

Trois facteurs poussent à une augmentation des tarifs de l'électricité.

Tout d'abord, EDF ne cesse de racheter des entreprises à l'étranger. En décembre dernier, par exemple, elle est devenue majoritaire dans le groupe italien Edison, en déboursant 700 millions d'euros.

La seconde raison est l'envolée du coût des énergies dites « renouvelables », pour lesquelles EDF a une obligation d'achat à des tarifs bien plus élevés que le prix de revient ordinaire.

Les consommateurs payent cette dépense sous la rubrique « contribution au service public de l'électricité », qui est un fourre-tout dans lequel il y a à la fois une péréquation pour des îles mal alimentées (Corse, Mayotte...), les tarifs « sociaux » de l'électricité, et surtout le coût du photovoltaïque et de l'éolien. Ces « renouvelables » coûtent déjà 2,2 milliards d'euros, et les dépenses sont en passe d'exploser, avec la construction au large des côtes des futurs « parcs éoliens » pour un montant de dix milliards d'euros.

Les trusts qui en auront la charge sont notamment EDF et Areva, car les champions du nucléaire sont devenus aussi les champions des éoliennes, tellement l'aubaine subventionnée est intéressante pour eux.

La troisième raison de l'augmentation voulue des prix est que l'État, actionnaire à 85 % d'EDF, est de plus en plus intéressé par les dividendes qu'elle lui procure. EDF a fait 3,9 milliards de profits en 2009, un milliard seulement en 2010, à cause de spéculations malencontreuses à l'étranger, et déjà 2,6 milliards au seul premier semestre 2011. Elle ne manque pas d'argent et pourrait parfaitement moderniser ses installations sans augmenter les tarifs, s'il n'y avait pas les spéculations, les magouilles des subventions au détriment des consommateurs et la volonté de l'État (ainsi que celle de la direction d'EDF !) d'aligner petit à petit les tarifs sur ceux, plus élevés, des pays voisins.

C'est tout cela qui menace les usagers.

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