Grèce : Menace d'un nouveau vol par les spéculateurs08/02/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/02/une2271.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : Menace d'un nouveau vol par les spéculateurs

La négociation entre le gouvernement grec et les banques pour décider des modalités d'application de l'abandon de 50 % de leurs créances tarde à se conclure. La décision, par les banques, de renoncer « volontairement » à la moitié de leurs créances sur l'État grec -- soit 100 milliards d'euros sur un total de 200 milliards -- remonte en effet au sommet européen de Bruxelles d'octobre 2011.

Concrètement, les anciennes obligations grecques détenues par les banques devraient être échangées contre de nouvelles dont la valeur serait diminuée de moitié, et la durée de remboursement portée à 30 ans. Le but, chiffré par les ministres des Finances de la zone euro et le FMI : porter le taux d'endettement du pays de 160 % du PIB actuellement, à 120 % d'ici à 2020.

Depuis le début, la négociation achoppe sur la détermination du niveau des taux d'intérêt des nouvelles obligations. Les banques proposaient au départ des taux de 7 % à 8 %, ramenés aujourd'hui entre 4 % et 5 %. Un taux jugé encore trop élevé par le gouvernement grec, mais aussi par la Commission européenne, et par le FMI qui, pour sa part, préconise un taux inférieur à 3,8 % « pour que la dette puisse être ramenée à une dimension gérable ».

Mais la négociation achoppe aussi en raison du fait que des « fonds vautours », spécialisés dans la spéculation sur les dettes en voie de restructuration, s'y sont invités et font traîner les choses en longueur.

Depuis plusieurs mois, en effet des fonds spéculatifs ont racheté aux banques qui les détenaient des obligations de l'État grec en les payant, selon la presse, de 30 % à 70 % de leur valeur initiale -- avec l'objectif de se les faire rembourser à 100 %. Pour cela il leur faut faire échouer la négociation entre l'État grec et ses créanciers, ce qui pourrait l'acculer au défaut de paiement, autrement dit à la faillite. « Si tel était le cas, explique le journal Alternatives économiques dans son dernier numéro, ces fonds spéculatifs pourraient déclencher leur assurance contre le risque de défaut et gagner des fortunes. Mais si l'accord se fait malgré tout, ils sont aussi gagnants, puisque les titres qu'ils ont achetés ne subissent pas de décote... » Selon un banquier, cité par le journal Les Échos, ces fonds spéculatifs auraient racheté aux banques la majorité des 14,4 milliards d'euros de titres de la dette grecque qui arrivent au remboursement le 20 mars prochain.

Ces fonds spéculatifs qui s'acharnent sur la Grèce ont pignon sur rue. Ils ont partie liée avec les grandes banques internationales. Ils sont, sinon leurs filiales, au moins leurs clients. Ils prennent en connaissance de cause le risque de provoquer, avec la faillite de l'État grec, une aggravation considérable de la crise financière et bancaire européenne, et même mondiale : mais après eux le déluge.

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