Grèce : Les exigences criminelles des banquiers et de leurs gouvernements08/02/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/02/une2271.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : Les exigences criminelles des banquiers et de leurs gouvernements

La Troïka (Banque européenne, Union européenne et FMI) a lancé un nouvel ultimatum à la Grèce : si elle veut les fonds pour payer son échéance de 14,5 milliards d'euros le 20 mars, elle a jusqu'au 13 février pour dire oui à tout : à une baisse de 20 % du salaire minimum, actuellement de 750 euros brut, à la suppression ou à l'amputation des 13e et 14e mois dans le privé, à une coupe dans les retraites complémentaires et au licenciement supplémentaire d'ici Pâques, de 15 000 fonctionnaires, alors que le pays compte officiellement 21 % de chômeurs, 28 % selon les syndicats. Bref, elle exige qu'on étrangle encore un peu plus une population qui n'en peut déjà plus.

Une attaque en règle contre les travailleurs

Le secteur public a été la première cible des mesures gouvernementales : la suppression des 13e et 14e mois de salaires, l'augmentation des cotisations sociales, le nouvel impôt « de solidarité » présenté comme exceptionnel se sont conjugués à une augmentation de l'impôt sur le revenu, par ricochet, depuis que le revenu minimum imposable est passé de 12 000 euros à 5 000 euros annuels. Un instituteur qui gagnait encore 1 400 euros net début 2011 n'en gagne plus que 900 et s'attend à voir son salaire passer sous peu à 700 euros.

Dans le privé, si la légalité est encore vaguement respectée dans quelques entreprises un peu importantes, ailleurs, c'est la jungle. Or la Grèce est un pays de moyennes ou petites, voire très petites entreprises. Pour un grand nombre d'entre elles, c'est la faillite et même dans de grandes artères très commerçantes à Athènes, on voit apparaître sur les vitrines, des affiches « à louer » ou « à vendre » qui n'attirent aucun repreneur. La Confédération du commerce grec prévoit d'ailleurs pour 2012 la perte de 160 000 postes de travail.

Souvent la menace de faillite, réelle ou supposée, est invoquée par les patrons pour ne pas payer les salaires. Ou bien ils baissent les horaires et les payes, déjà partiels, surtout dans le commerce et la restauration. Beaucoup de travailleurs ne sont plus payés régulièrement, le patron leur donnant deux cents euros pour « tenir » en attendant... Eleftherotypia, un grand quotidien, ne paraît plus depuis décembre 2011, le personnel s'étant mis en grève après des mois sans salaire.

Quant aux retraités, ils ont subi une perte de revenu d'au minimum 20 %. Encore faut-il, quand on prend sa retraite, commencer à toucher quelque chose. Les salariés grecs cotisent pour obtenir un petit capital au moment de leur départ en retraite et une pension mensuelle. Depuis toujours, obtenir son argent a pris du temps, souvent plusieurs mois. Mais maintenant, non seulement le capital n'est pas versé mais on peut attendre un an ou plus sans rien toucher de sa pension.

Une vie quotidienne de plus en plus dure

Survivre devient l'objectif d'une grande partie de la population. Il ne reste pour beaucoup que les petits boulots non déclarés, de plus en plus rares. Et comment s'en sortir lorsque les prix flambent ? Une enquête ministérielle, publiée début février et portant sur 67 produits de base dans sept pays européens dont la France et l'Allemagne, montre que les prix grecs sont supérieurs à ceux de l'Allemagne par exemple. Alors, on économise sur le fuel et donc sur le chauffage, sur le carburant, sur la nourriture. On fait appel à la générosité de la famille ou des amis. Les plus isolés se retrouvent aux soupes populaires organisées par les paroisses ou aux distributions de nourriture également organisées par Médecins du Monde par exemple. Et les plus fragiles se retrouvent à la rue, le nombre de sans domicile fixe ayant augmenté de 25 % en deux ans. Ils seraient 15 000 dans les rues d'Athènes.

Voilà à qui la Troïka, les grandes puissances européennes comme la France et l'Allemagne, leurs banques et leurs sociétés financières demandent de « faire des efforts ». Pendant ce temps-là, la grande bourgeoisie grecque augmente ses transferts de fonds vers l'immobilier londonien et, comme tous les capitalistes d'Europe ou d'ailleurs, guette le moment où les biens de l'État grec privatisables seront au plus bas pour faire de bonnes affaires.

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