Espagne : La droite réactionnaire s'en prend aux droits des femmes08/02/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/02/une2271.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : La droite réactionnaire s'en prend aux droits des femmes

La droite revenue au pouvoir ne se contente pas de satisfaire le patronat et les classes riches en faisant reposer sur la classe ouvrière le poids de la crise. Représentante de ce que l'Espagne a de plus réactionnaire, dans la lignée du franquisme et de ses liens étroits avec l'Église, la droite entend revenir, comme elle l'avait promis lors de la campagne électorale, sur les lois en faveur des femmes ou des homosexuels qui ulcèrent les organisations ultra-conservatrices et catholiques.

Elle vient ainsi de commencer à remettre en question la loi sur l'avortement. Le ministre de la Justice, Gallardon, s'en prend aujourd'hui à la loi votée en 2010 qui reconnaissait aux femmes le droit à l'avortement dans les quatorze premières semaines de leur grossesse, sans qu'elles aient à se justifier de quoi que ce soit. Cette loi, basant le droit sur les délais, rendait caduque celle de 1985 qui n'avait fait que décriminaliser l'avortement dans certaines situations restreintes, comme le viol ou la mise en danger physique ou psychique de la femme par exemple.

Si Gallardon assure que « la réforme de la loi ne conduira aucune femme en prison », le fait de devoir se justifier, d'argumenter « pour garantir les droits des non-nés » est en soi une restriction considérable au droit des femmes à l'avortement. Déjà, parmi les modifications énoncées, apparaît la fin de l'autonomie des mineures de 16-17 ans, qui n'avaient jusque-là pas besoin de l'accord parental pour interrompre leur grossesse. Le fait de devoir justifier l'avortement -- et auprès de qui ? -- écarte également la pilule du lendemain. Dans ce débat ouvert se sont engouffrés représentants de l'Église et d'autres organisations comme le Droit de vivre, qui montent au créneau pour que la révision de la loi aille bien au-delà encore et qui remettent totalement en question ce droit élémentaire pour les femmes.

Si l'opinion conservatrice est loin d'être négligeable en Espagne, si la droite la plus dure est capable de mobiliser dans la rue des centaines de milliers de manifestants, contre le mariage des homosexuels par exemple, tout aussi nombreux sont ceux qui veulent reconnaître cette liberté aux femmes. Certes, comme on peut le voir partout, y compris en France, une loi ne peut pas tout régler. Il ne suffit pas que la loi autorise l'IVG pour qu'elle puisse se pratiquer sans entraves. Mais la loi peut être un appui permettant aux femmes de faire valoir leurs droits. Du fait des nouveaux interdits mis en place par le gouvernement, les entraves risquent de se multiplier en Espagne, où le poids d'une droite archaïque dans les milieux médicaux ou judiciaires accentuera encore les menaces qui pèsent sur le droit des femmes.

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